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Je ressors de Le Chant des forêts avec une sensation étrange : celle d’avoir passé une heure et demie à l’affût. Pas seulement d’animaux, mais de moi-même. Vincent Munier transforme le cinéma en poste d’observation intérieure. Chaque plan est une suspension. Chaque silence est une invitation à rester. Je ne peux m’empêcher de penser à La Panthère des neiges, dont Munier était déjà l’âme visuelle. Mais ici, le film va ailleurs. Moins exotique, moins spectaculaire, plus intime. Les Vosges deviennent un territoire mental, presque familial. La forêt n’est plus l’ailleurs, elle est l’origine. Ce qui frappe, c’est l’absence totale de commentaire explicatif pesant. Aucun didactisme. Aucun discours écologique appuyé. Le film fait confiance à l’image, au son, au temps. Comme chez Terrence Malick, mais débarrassé de toute emphase mystique. Ici, le sacré est discret, presque pudique. La présence du Grand Tétras, mythique et presque fantomatique, résume à elle seule la philosophie du film : ce qui compte n’est pas de voir, mais de savoir que cela existe. De respecter cette existence sans la capturer. Oui, certains spectateurs pourront trouver le rythme trop lent, trop contemplatif. Mais je crois que ce film ne cherche pas l’adhésion immédiate. Il cherche à transformer notre regard. Et cela prend du temps. À 16 sur 20, Le Chant des forêts est un film qui ne s’impose pas, mais qui reste longtemps.