Black Power

Un film noir méconnu qui gagne à être découvert, ses vertus étant nombreuses et relativement rares.

Son postulat de départ, d'abord, qui consiste à prendre la structure classique du "rise and fall" chère aux œuvres sur la pègre ou le sport et à la transposer dans l'univers du carnaval itinérant est une excellente idée. Celui-ci réussit en effet à proposer originalité et dépaysement tout en demeurant aussi fascinant que les deux sus-cités.
Son traitement des personnages, ensuite, que l'on pourrait illustrer par le merveilleux anti-héros qu'est Stanton Carlisle. Un apprenti mentaliste, aussi talentueux bonimenteur qu'il est égoïste et ambitieux, qu'on ne réussira jamais à détester totalement malgré ses innombrables méfaits, tant sa psychologie est riche et complexe et son comportement profondément humain (on pourrait à ce titre le rapprocher du Elmer Gantry de Richard Brooks). Et comme les personnages secondaires ont presque tous quelque chose à dire ou une émotion à faire passer, on peut dire qu'on est comblé de ce côté-là.
Son atmosphère, également, férocement noire sans jamais tomber dans le grotesque grâce à quelques éruptions de tendresse émouvantes et à la subtilité des diverses manipulations et perversions qui sous-tendent une grande partie des dialogues et des relations entre les protagonistes.
Sa forme, enfin, très bien servie par une belle réalisation, une photographie admirable et une interprétation sans faille.

Et si l'on pourra reprocher au scénario une prévisibilité certaine et quelques maladresses, ce serait presque cruel vu que celui-ci réussit parfaitement son office, à savoir offrir une évolution convaincante des personnages et des situations et surtout permettre l'émergence de scènes fortes et marquantes, ce dont la bobine ne manque pas, à l'image de sa très jolie fin qui a failli me faire lâcher une larme.

ps : si vous êtes de ces personnes douteuses qui se revendiquent "geek", vous feriez bien de jeter un œil à cette pellicule, elle vous apprendrait au moins ce que veut vraiment dire ce terme.

ps 2: je suis à peu près sûr que les créateurs de l'affreuse série The Mentalist ont allègrement pioché dans cette perle pour créer leur étron. En plus d'être nulle, elle n'a donc même pas l'avantage de la singularité.