Ford réalise une sorte de Conquête de l'Ouest en muet et trente-huit ans avant. Et tout seul, comme un grand. En gros, pendant deux heures et demie, tout le Far West est passé en revue.
Si la construction du transcontinental est le sujet majeur, on croise Lincoln, la guerre de Sécession, des chasseurs de bisons (dont Buffalo Bill), des cow-boys et leur troupeau (qui donne lieu à des interludes pastoraux et reposants à intervalles réguliers), des Indiens, Wild Bill Hickok, des saloons, des tripots...
Bref tout y est. A l'exception notoire de l'arrivée surprise de la cavalerie, que j'ai pourtant attendue et espérée jusqu'à la dernière seconde, Torpenn pouvant témoigner.
Avec les muets, c'est fastoche de savoir si les films sont bons : quand on est porté par l'histoire et qu'on oublie que les acteurs ne parlent pas, bingo c'est gagné. Et là on ne s'ennuie pas une seconde, il faut dire que ça n'arrête (cf l'énumération précédente), malgré des maladresses, bénignes et sympathiques, dans le scénario.
Un excellent blockbuster, avec de l'action, du drame, du suspense (enfin pas vraiment), des figurants à gogo (notamment des Chinois pour jouer les coolies) et de l'humour.
La Fox, qui voulait répondre à la Paramount et sa Caravane vers l'Ouest sorti un an plus tôt, n'y est pas allée avec le dos de la cuillère. Il n'y a qu'à voir le nombre incroyable de scènes tournées en extérieurs. Sans parler des deux locomotives authentiques et du derringer de Wild Bill.
Quand je regarde les grosses productions hollywoodiennes d'aujourd'hui, je pleure sur notre époque.
PS : Morris devait voir ce film toutes les semaines et y choper ses idées d'albums pour Lucky Luke.