Je viens de voir pour la première fois le Chien des Baskerville au cinéma. La faute au bouquin de Conan Doyle que j'avais lu à l'adolescence et qui m'avait laissé une impression telle que j'avais toujours pensé qu'une adaptation cinématographique ne pourrait jamais être aussi riche que le roman qui est un véritable chef d'œuvre du roman policier avec de vrais et de faux indices, des personnages troubles tous inquiétants, des atmosphères variées passant du Londres du XIXe aux landes brumeuses du Dartmoor, sur fond de malédiction familiale des Baskerville, le tout avec un ton ironique typiquement british .
L'une des nombreuses trouvailles de Conan Doyle est la disparition passagère de Sherlock Holmes, Watson étant seul pour mener l'enquête pendant un certain temps. Une autre bonne trouvaille est la présence menaçante dans la lande du personnage de Selden, un criminel évadé de la prison du Dartmoor.


Je passe rapidement sur le film que j'avais vu au petit écran. Conséquence de mon travail pénible, j'avais décroché dès le départ à cause des discussions de salon entre gens du beau monde au début et de la couleur pourrie sur mon écran de télé.
Et puis, voilà que la cinémathèque passe un cycle consacré à la Hammer et que le Chien des Baskerville y figure en première place.

Passé donc les scènes explicatives du début, nécessaires à rendre crédible l'histoire de la vengeance d'un chien venu de l'enfer, ce qui sera le MacGuffin hitchcokien du film, apparaissent une tarentule, un forçat évadé, une sauvageonne au sang chaud, un mystérieux personnage dans la lande. Mais là où seul le grand écran en Technicolor peut réussir à nous perdre et à nous inquiéter, c'est dans le décor gothique de la lande quand les héros s'enlisent au milieu des tourbières ou quand ils risquent leur vie dans les tréfonds d'une mine abandonnée, avec des hurlements sinistres en fond sonore. Une autre des réussites est l'absence de l'horreur à l'écran, les crimes restant hors-champ ainsi que la créature, visible seulement à la fin et plutôt décevante.
Le meilleur des techniciens de la Hammer a participé au film : le directeur de la photo Jack Asher, le metteur en scène Terence Fisher, André Morell dans le rôle de Watson et bien sûr les deux stars de la maison Peter Cushing très crédible dans le rôle de Sherlock Holmes, et Christopher Lee, en gentleman dans le rôle de Sir Henry Baskerville, l'un de ses rares rôles positifs.
En dépit de toutes ses qualités, l’œuvre n'aura hélas pas de suite et la Hammer préférera se focaliser sur les personnages de Frankenstein ou Dracula.

Je m'interromps. Je tends l'oreille et j'entends un hurlement sourd dans les tréfonds de la lande.

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le 21 oct. 2021

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Zolo31

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