Un Shimizu tout en douceur, fidèle au style de tous ses autres films que j'ai vus jusqu'à présent : une peinture discrète de la jeunesse japonaise du milieu du XXe siècle, fonctionnant selon une dramaturgie assez peu conventionnelle, sans péripéties majeures qui viendraient bouleverser une certaine situation initiale. En réalité tout le film s'établit dans une forme de continuité, posée dès l'argument premier : le portrait d'une jeune femme, Tomoko, abandonnant son cursus scolaire pour travailler et à ce titre subvenir aux besoins de sa famille. On ne saura jamais vraiment quel est le degré de volontarisme et de contrainte dans cette décision pourtant fondamentale pour son avenir, mais c'est en partie ce qui constitue le charme d'un film de Shimizu, nous laissant imaginer ce qui préside aux motivations de la protagoniste (ainsi que quelques autres personnages secondaires). Le contexte est en tous cas posé très rapidement, et laisse cette ex-lycéenne embrasser une carrière de conductrice de bus.
Un récit très idéaliste rythmé par une succession de saynètes, dans la logique des chroniques d'une apprentie conductrice, au gré de péripéties glanées lors de sa formation en tant que poinçonneuse embarquée à bord du bus. Le summum de l'action est atteint lorsqu'une vieille dame refuse de payer son ticket au moment de descendre, laissant planer le doute quant aux raisons (incapacité financière ou posture morale), c'est dire... Quelques très beaux moments également, en marge des trajets routiers, comme par exemple cette scène montrant Tomoko se recueillant au bord d'une rivière avec un groupe de personnes s'avançant sur un pont en hauteur ou encore l'accouchement dans le bus qui aura rarement été autant montré comme un lieu de vie...