C'est la main tremblante qu'il me faut attribuer une note à un film d'Alfred Hitchcock. Truffaut affirmait, à juste titre, qu'un Hitchcock qu'on pourrait qualifier de mineur était déjà très au-dessus techniquement de ce que ses confrères pouvaient produire alors. Bon... en l'espèce, je me décide pour un 9/10.
Un cinéaste, un vrai, adore les contraintes. Pour Le Crime était presque parfait, ça sera le défi de l'adaptation d'une pièce de théâtre et un quasi huis-clos. Même si ce film n'a pas le souffle de ceux que Hitch réalise sensiblement à la même époque (quand on voit quels films, ça donne le tournis), le plaisir du spectateur n'en est pas moins grand. À l'occasion d'une diffusion sur Arte hier, je me décide à rédiger ces quelques lignes.
Dans le magnifique coffret édité il y a peu, et qui concernait les premiers chefs-d'œuvre du maître, ceux de la periode anglaise, j'ai eu la surprise de découvrir Chantage, que je conseille de voir dans sa version muette, et une scène incroyable : la protagoniste, blonde, en nuisette, donne la mort à son agresseur avec un couteau, derrière un rideau. Séquence stupéfiante, audacieuse (et c'est un faible mot), visuellement incroyable. Presque 30 ans plus tard, elle se rejoue, avec un rideau en arrière plan cette fois, avec une paire de ciseaux et avec Grace Kelly (ah ! Grace !). Séquence à juste titre mythique. Dans les années 1920/1930 toute la grammaire hitchcockienne était déjà écrite. Avec aussi tous ses sous-entendus psychanalytiques.
Du grand art.