Avec son dernier film, DUPIEUX nous propose une nouvelle variation sur la création cinématigraphique, mais, au contraire de REALITY, pas de plateau de tournage, pas de producteur, bref, pas de système...du moins en apparence. En effet, Georges, son personnage principal, devient réalisateur puis acteur d'un film improvisé, notre personnage n'ayant au départ qu'une seul motivation : acquérir un blouson de DAIM, très has been et un peu trop juste au niveau de la taille. Or le vieux monsieur qui lui vend le précieux bien lui refourgue également un camescope numérique dont visiblement il n'a plus grand chose à faire.


L'admiration que porte George pour le blouson le pousse à dialoguer, voir à parler à la place du vêtement qui devient en quelque sorte son double maléfique.


Dans le lieux grisâtre et perdu de montagne où il sévit, Georges réussit à convaincre une jeune serveuse qu'il est un cinéaste à la recherche d'une monteuse, stratagème visant à lui soutirer régulièrement des sommes d'argent afin, dit il, de financer son film. Or, cinéaste et acteur, celui ci le devient par la force des choses : d'abord par narcissisme, mettant en scène le fameux blouson, puis par plaisir, éprouvant une certaine jouissance à se filmer et à mettre en boite les quidams qui croisent sa route.


A l'instar d'un Tarantino, DUPIEUX n'a de cesse dans ses films que de parler de cinéma...Ici, même si notre faux réalisateur, coquille vide qui cherche à se fabriquer une nouvelle peau se couvrant de daim des pieds à la tête, peut être DUPIEUX lui même qui construit son récit, voir se construit au fur et à mesure de ses réalisations, les références à d'autres œuvres et citations sont bien là... De PSYCHOSE avec George victime d'une dissociation de personnalité à l'issue tragique, en passant par Chabrol à travers l'humour noir, la photographie terne et l'économie de moyens cinématographiques. Quand au cinéma de DUPIEUX lui même, il n'offre plus ici les images mentales d'une aliénation haute en couleur mais livre un instantané glaçant des agissements de son personnage principal.

gin
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le 13 juil. 2019

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