Par le prisme de la relation entre un professeur et son élève vedette sportive, Il Campione nous donne accès aux coulisses de la célébrité jeune, nous fait entrer à l’intérieur d’une villa type « Anges de la téléréalité » dans laquelle erre le footballeur en quête d’authenticité parmi une défilade de parasites et d’artifices. Le fan apparaît aussitôt comme un harceleur en puissance pour qui vie privée et intimité ne s’appliquent pas aux stars ; ladite star doit changer de voiture pour sortir – trop visible, la Lamborghini bleue –, éviter les lieux et heures fréquentés. Il vit captif dans sa célébrité, aussi chimérique et fugace que les objets luxueux qui la composent. Aussi le mouvement de construction d’une culture en vue d’obtenir le baccalauréat s’accompagne-t-il d’un mouvement contraire de déconstruction d’un engrenage où le succès devient rapidement un boulet attaché à la cheville du prodige. Le film raconte de façon fort juste la mise sous tutelle de la star contrainte de s’entourer d’individus dont l’unique intérêt est financier, rappelant au passage les descentes aux enfers subies par quelques grands noms de la chanson et récemment portés au cinéma.


La rencontre entre Alessia et Christian témoigne d’un acte de foi en l’éducation défendu par le réalisateur, perçue comme un levier nécessaire pour raccorder le champion à son existence ; une éducation qui se désolidarise à terme de l’objectif poursuivi – le concours du bac –, qui délaisse tout cadre normatif, pour devenir une fin en soi. Apprendre de l’autre sans préjugés (ou en les dépassant), apprendre sur soi-même, conquérir indépendance et autonomie. Professeur et élève apprennent l’un de l’autre, définition magnifique de ce qu’est l’acte d’éduquer. C’est dans cette articulation, certes convenue, de la reconnaissance transitoire par un public tout aussi éphémère et de la connaissance par ses propres efforts et et par une ouverture à autrui que le long métrage de Leonardo D’Agostini s’avère le plus intéressant, bénéficiant de deux acteurs principaux excellents qui confèrent à leur protagoniste densité et sensibilité. Une œuvre alerte et très sympathique qui sait mêler la légèreté comique au drame le plus poignant. Une réussite.

Fêtons_le_cinéma
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le 9 août 2020

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