Vu en festival à Montréal.


Ce film italien plutôt léger est à ne pas confondre avec un autre long-métrage éponyme de Philippe Godeau sorti dans les années 2000 à la tonalité beaucoup plus grave. C’était avec François Cluzet et ça traitait de la dépendance à l’alcool et ses conséquences néfastes. Ici, plutôt dans la même veine que le « Drunk » de Thomas Vinterberg, le nectar des Dieux est vu comme une source de camaraderie, un ciment de l’amitié qui va de pair avec un certain côté épicurien propre à notre époque. « Le dernier pour la route » est construit comme un mini road-trip dans le Nord de l’Italie, en Vénétie plus précisément, où deux comparses écument les bars sur le chemin de l’aéroport pour aller récupérer un autre ami qu’ils n’ont pas vus depuis des années. Sur le chemin, ils vont embarquer un étudiant croisé au hasard de leurs pérégrinations. Une virée dans une Italie filmée de manière brute, sans fard, loin des clichés et des beaux endroits habituels que l’on imagine d’un tel pays.


On peut dire qu’on est dans une œuvre feel-good, à la fois insouciante et croustillante. En effet, « Le dernier pour la route » développe un certain charme par bien des aspects. Le grain de l’image, que l’on suppose volontairement un peu trouble, lui confère un côté intemporel. Ce choix de mise en scène en complète d’autres pour un film qui peut faire brouillon ou bordélique jusque dans son montage. C’est d’ailleurs parfois trop poussé tant les errements des personnages sont erratiques et pas toujours logiques. Mais c’est peut-être aussi la résultante d’une virée alcoolisée... On se demande quand même si une manière de filmer plus esthétisante n’aurait pas mieux collé au film et à son propos. La question se pose sans certitude de la réponse. Les acteurs principaux sont d’un naturel désarmant et on dirait qu’ils se bourrent vraiment la gueule durant tout le film, ce qui donne un côté réaliste à cette œuvre qui prône l’hédonisme sans gueule de bois. Le fait d’inclure un jeune étudiant naïf au duo apporte du piquant et des épisodes amusants qui jouent sur les contraires.


« Le dernier pour la route » pâtit cependant d’un scénario qui navigue à vue. On dirait qu’il a été écrit au fur et à mesure, ce qui accentue ce côté foutoir un peu trop proéminent. En outre, le film abuse des hasards, coïncidences et facilités. Il n’est pas assez versé dans la fantaisie ou le surréalisme pour digérer cette accumulation de séquences aux ressorts pas toujours crédibles. De la fuite d’un contrôle de police un peu trop facile au fait que le jeune étudiant les suive sans hésitation alors qu’il ne connaît pas du tout le duo et qu’il a un examen le lendemain en passant par la mascarade des architectes dans une villa, c’est trop gros pour être avalé sans sourciller. Une incartade de la sorte passe mais quand l’intrigue les enchaine, on décroche. Malgré cela, il y a une foultitude de beaux moments sincères qui prônent une manière inconséquente de croquer la vie et le bon vivre à contrepied des modes. C’est devenu chose rare dans la vie mais aussi au sein d’un cinéma de plus en plus formaté. Ça fait plaisir à voir et à entendre.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 14 oct. 2025

Critique lue 15 fois

Rémy Fiers

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