Le dernier opus du génial trio Wright/Pegg/Frost fait davantage tinter la fibre nostalgique de leurs méfaits antérieurs que d'ajouter un nouvel éclat à leurs deux précédentes poilades geeks. Alors certes, c'est avec un plaisir non dissimulé que l'on retrouve l'alchimie du couple désormais passé à la postérité mais l'humour a ici cédé le pas à une odyssée un poil dépressive et désenchantée, ceci afin de ne pas sombrer dans un processus routinier. Le film s'inscrit donc dans la veine du film de potes agrémenté d'un argument fantastique pour le coup complètement vain et anecdotique, paralysé par une étude de caractères pilotée par la crise d'adolescence du meneur Gary King. A ce titre, la présentation typiquement british de la fine équipe vingt années plus tôt est exemplaire, exposant les personnalités et les rivalités, surfant sur les tubes nineties et arguant sur l'amitié indéfectible de ses protagonistes tout en dévoilant leur chef-d’œuvre, à savoir la tournée non-stop de douze pubs inachevée à l'époque, le ton est donné et c'est sacrément prometteur!
Puis, le métrage adopte un ton plus grave, plus pessimiste, au détour de dialogues vifs et de rancunes mal digérées, éclatant l'introduction mythifiant le petit groupe et orientant la trame vers une approche plus mature. On n’est alors pas loin d'un Ken Loach agrémenté d'un peu de Stephen Frears, mais où est la potacherie promise?
L'exercice devient alors bancal, Wright recopiant peu à peu les ficelles de son "Shaun of the dead" (sans gore, dommage) tout en gardant son attitude blessée et glorifiant le passage à l'âge adulte par le prisme d'une invasion alien. On s'y perd un peu.
Heureusement, l'alcool aidant, les compères finiront par foutre un joyeux bordel au détour de bastons superbement chorégraphiées amorçant un mix improbable entre "l'Invasion des profanateurs", "Mondwest" et même la série danoise "Real humans"! La conclusion, hautement malicieuse, laisse malgré tout un goût d'inachevé mais les pérégrinations de cet excellent casting (Considine, Marsan, Freeman et cie) permettent malgré quelques longueurs de passer un bon moment, ce qui n'est en soit déjà pas si mal!