Voilà dix ans que Governator n'a plus tenu de rôle principal au cinéma. La dernière fois c'était dans le troisième opus très dispensable de la saga Terminator. Depuis, deux mandats de gouverneur de Californie, quelques apparitions au cinéma et plus rien. Autant dire que le gamin qui a grandi avec Terminator (moi en l'occurence) avait hâte de revoir Schwarzy au premier plan. Après l'annonce officielle du retour au cinéma de Mister Univers dans un projet mené par Kim Ji-Woon (J'ai rencontré le diable...), je ne pouvais qu'être confiant! Ca promettait le retour d'un film d'action à l'ancienne réalisé par un des meilleurs réalisateurs coréens contemporains, de quoi me satisfaire pleinement donc. Le Dernier Rempart réussit-il cependant à répondre aux attentes qu'il a suscité?



Pour son premier film américain, KJW s'est entouré d'un petit casting assez sympathique avec en outre, en plus de Governator, Forest Whitaker, Johnny Knoxville, Peter Stormare et même le vétéran Harry Dean Stanton. Je m'attendais à quelque chose de vraiment bon, d'assez fou avec une mise en scène élégante comme le cinéaste coréen a l'habitude de nous livrer.

Je ne saurais même pas dire si le film m'a déçu mais en tout cas je n'y ai pas retrouvé le Kim Ji-Woon habituel. Le film m'a donné l'impression d'être un nanar assumé du début à la fin, faisant la part belle aux stéréotypes et clichés en tout genre. La scène d'ouverture montre déjà un flic en train de déguster un beignet dans sa voiture, sûrement le cliché le plus tenace concernant les policiers américains. Mais plus on avance dans le film et plus on comprend que Le Dernier Rempart ne se prend absolument pas au sérieux et lorgne vers la série B. En somme, on aura le droit à un film bourrin qui ne se prend pas la tête et de temps en temps ça peut faire du bien.

Le scénario est tout ce qu'il y a de plus classique. Un dangereux prisonnier s'évade et tente de rejoindre le Mexique. Pour cela il doit passer par le petit bled paumé où Schwarzy exerce sa profession de shérif dans un cadre paisible. En gros, on n'aura pas l'Oscar du meilleur scénario original 2014, ça c'est sûr. Mais quelque part vu la tournure que prend le film, heureusement qu'on n'en rajoute pas des tonnes. Au fond, Le dernier rempart fait office d'actioner classique mais efficace.

Pour autant même de ce point de vue-là ce n'est pas fameux. Le film lorgne vers la parodie sans pour autant être brillant dans son écriture. Quelques punchlines fonctionnent, quelques instants font sourire tellement c'est con mais ça manque quand même sévèrement d'inspiration. Certains passages sont risibles et certaines vannes sont vraiment ratées. Mais si on prend tout ça au 20ème degré, ça peut encore passer.



Je reproche quand même au film sa paresse et son manque d'ambition. Merde quoi, quand tu as Kim Ji-Woon en réalisateur tu t'attends quand même à mieux que ça! J'ai rencontré le diable c'était malsain et psychologiquement violent, Le bon, la brute et le cinglé c'était barré et libre. Ici on sent plutôt le cahier des charges avec un film basique.
Pour autant ça reste efficace. Schwarzenegger peine à bouger mais ça fait plaisir de le revoir le bougre. A côté rien de plus palpitant mais j'ai bien aimé Stormare qui en fait des tonnes et fait un bon vilain bien con. Whitaker s'en sort pas mal non plus. Les dialogues sont pauvres et minimalistes cependant, ce qui ne laisse pas l'occasion au casting de briller véritablement. Puis les personnages sont tellement stéréotypés qu'on s'en fout un peu d'eux entre-temps. Ils font plus office de chair à canon et d'éléments permettant l'avancée de l'intrigue qu'autre chose.

Puis ça reste quand même assez bien mis en scène. KJW est en petite forme mais ça fait du bien de voir de l'action lisible de nos jours, à l'heure où l'action épileptique à la Taken fait des ravages en salle histoire de créer l'illusion d'un rythme. Les fusillades et courses-poursuite sont assez bien fichues avec ce côté surréaliste qui laisse penser qu'on retrouve quand même le réalisateur du bon, la brute et le cinglé derrière la caméra. La photographie est très agréable également. En revanche la scène finale sur le pont est un peu moche visuellement, je me demande encore pourquoi KJW s'est embarrassé d'effets numériques déjà vieillots.

En gros, Le dernier rempart ne fera pas date. Mais dans le genre film pop-corn qui se regarde tout seul ça se débrouille bien. Ca manque d'originalité mais le second degré de la chose nous facilite la digestion. On regrettera quand même que la patte personnelle de Kim Ji-Woon soit si peu présente et qu'un tel projet n'ait pas bénéficié de davantage de soin sur tous les niveaux. Un film qui assume son côté nanar et kitsch, à voir avec le cerveau sur pause. Bourré de défauts mais je ne peux définitivement pas être méchant avec un film qui bénéficie de ma sympathie malgré son beau niveau de bêtise.

Créée

le 3 mars 2013

Critique lue 366 fois

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Moorhuhn

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