C’est une curiosité, un peu relax dans sa forme, mais passionnant dans son fond. En gros, c’est l’histoire d’une relation amicale entre un flic solitaire et un adjudant de parachutisme ayant tué sa femme adultère. Deux personnages antipathiques (c’est aussi la limite du film, compensée par la présence de ces deux acteurs d’exception) puisqu’il y a ce militaire qui tue sa femme froidement et qui semble n’éprouver aucun regret ; et ce commissaire dont on comprend qu’il fut jadis enrôlé dans les rangs collabos du régime de Vichy. Si le film n’est heureusement pas tendre à leur égard, ce qu’il déploie de leur étrange amitié vaut bien plus que si Luntz (qui ne fera jamais plus rien d’autre) avait tenté d’en faire des personnages attachants. Rien que pour ce parti pris, le film est à voir. Mais ça reste un objet très bizarre, qui ira jusqu’au bout de sa bizarrerie narrative, ici quand il s’aventure dans l’immense propriété mystérieuse d’une femme qui accueille les animaux sauvages, là quand Ronet tente de savoir si Bouquet sera toujours son ami quand il le saura coupable. Bref, c’est un chouette document sur la France réactionnaire d’avant la fin du Gaullisme (Flic et militaire, traités comme des entités racistes et sexistes) doublé d’un croisement bâtard entre Jessua & Chabrol. On y retrouve d’ailleurs Maurice Ronet et Michel Bouquet, qui jouaient ensemble un an plus tôt dans La femme infidèle.