Doosh écossais

Malgré de belles intentions (variations sur la compassion et l'amitié), le film de Vincent Sherman reste enlisé dans un gnangnan parfois calamiteux.

Le soldat écossais interprété par Richard Todd --- l'officier parachutiste largué par planeur dans Le Jour le plus long et qui prend le pont de Bénouville --- censé être fier et solitaire tient bien plus du crétin puéril et agressif.

Un doosh(bag), quoi.

On a beau apprendre rapidement l'issue funeste de son séjour guerrier en Birmanie,

puis la difficile existence qu'il a eue tout au long de ses vingt-quatre années sur Terre, il est le plus souvent difficile de fraterniser et de s'immerger dans cette histoire (un huis clos) qui fleure bien trop la panse de brebis farcie, la chambrée de bidasses et les blagues de potache : essayer de savoir si le Scot a les burnes à l'air sous son kilt, ça va trois secondes ; pas trois minutes.

Et je ne parle pas du sort réservé aux malheureux acteur noir ni de la sous-exploitation de la tension sexuelle avec l'infirmière (adorable Patricia Neal, une fois encore).

Surely there's pity in every woman's love.

On pourra trouver comme excuses que l'histoire est tirée d'une pièce de théâtre à succès (donc consensuelle ?) ou qu'à l'époque une certaine naïveté prévalait.

Pourquoi pas... mais c'est oublier que les années 1940 --- et Le Dernier voyage date de 1949 --- a vu la sortie de nombreux films sensibles et/ou drôles qui ne sombraient pas dans le cucul la praline ou le pathos (cf. le sublime Les Plus belles années de notre vie, de William Wyler).

Pour l'anecdote*, alors que Patricia Neal recevait la visite d'un couple d'amis en Angleterre (ou fut tourné le film), l'homme demanda à Ronald Reagan, partenaire de Neal sur le tournage, ce qu'il aimerait devenir s'il n'était pas acteur.

Réponse du gaillard, hilare : "Président des États-Unis"...

* Patricia Neal : An Unquiet Life, Stephen Michael Shearer, page 78.