J'avoue, je suis parti avec un mauvais à-priori. On m'a vendu un "film de SF français", et le dernier film en date correspondant à ces critères étant Valérian de Luc Besson, j'étais un peu angoissé à l'idée de ce que j'allais voir.


Et effectivement Le Dernier Voyage est plutôt moyen.


D'abord le positif : C'est beau. La photographie est assez jolie, les décors (quand il y en a, parce qu'il y a beaucoup de désert quand même) et les costumes sont sympas, la colorimétrie rend plutôt bien l'ambiance, quelques plans sont très intéressants. Le jeu des acteurs est plutôt bon, et la bande-son est de bon goût (inspirations années 80-90 qui n'est pas pour me déplaire). Tout ceci nous envoie l'image d'un film qui, en surface, et malgré un petit manque de moyens (production française, cocorico), nous offre une belle image et un beau son.


Le souci, c'est que ça ne suffit pas à faire un bon film. Car pour faire un bon film, il faut un bon scénario, et là, Le Dernier Voyage s'écrase lamentablement. Le film commence avec une voix d'enfant qui nous raconte le contexte :


En gros, l'Humanité a pompé toutes les ressources de la Terre (pour changer), du coup la planète bleue est devenue une sorte de grand désert. Arrive la Lune Rouge, une sorte de planète qui se balade à travers l'Univers par on ne sait quelle magie (un peu à la manière d'une Lune quantique pour ceux qui ont joué à Outer Wilds), et du coup les Hommes vont l'exploiter pour un minerai avec un grand potentiel énergétique, mais la Lune s'énerve (oui oui) et dévie sa trajectoire pour se diriger tout droit vers nous. Là arrive le dernier espoir de l'Humanité, Paul W.R.(le héros), qui au lieu d'accomplir sa mission (détruire la Lune) a décidé de se faire la malle pour aller on ne sait où.


Bon. Mis à part le dix-huit clichés déjà vus un peu partout dans les films de SF (le désert, les voitures volantes, la milice, le mur-où-personne-ne-sait-ce-qu'il-y-a-derrière) et un certain jeu vidéo sorti sur Nintendo 64 avec un enfant habillé en vert (hum hum), qu'est-ce qu'on a ? Beaucoup, beaucoup d'incohérences, d'actes stupides, de deus ex machina, et surtout, de pourquois.


J'ai globalement passé la séance à me demander pourquoi certains personnages faisaient ça ou ça. Pourquoi le dernier espoir de l'Humanité peut s'enfuir pour aller on ne sait où ? Personne ne le surveille ? Pourquoi au premier plan du film (sans compter l'intro en dessins d'enfants), les seules chose qui restent de Paris sont la Tour Eiffel et... un piano ? Le bois est plus solide que le béton ? Pourquoi la milice tire sur Paul alors qu'il est le dernier espoir de l'Humanité ? S'il meure (ou même s'il est blessé) vous faites quoi ? Pourquoi parfois la milice passe juste à côté d'eux (Paul et une jeune fille, Elma, qui l'accompagne) sans les voir, et d'autres fois, ils les retrouvent sans qu'on sache trop comment ?


Pourquoi à la fin du film y a-t-il une fusée prête pour Paul alors que son frère en a utilisé une deux jours avant ? Ils avaient construit deux fusées ? Pourquoi le frère veut tuer Paul ? Il a dit à son père qu'il le ramènerait, pas qu'il le tuerait ! Pourquoi y a t-il un compteur d'altitude sur la voiture alors qu'elle n'est pas censée s'envoler ?


etc., etc. Toutes ces incohérences gâchent un peu (beaucoup) l'expérience et nous sortent du film toutes les deux minutes, ce qui n'est guère agréable.


De plus, le plan avec deux personnages qui se regardent avec la Lune en fond, c'est joli une fois ou deux, mais au bout de cinq fois c'est un peu lourd.


Je reprocherais aussi de ne pas avoir de personnages plus "désespérés". Je sais pas, tout le monde va mourir dans une semaine, mais ils ont l'air de prendre ça plutôt bien, c'est une leçon de self-contrôle à retenir.


Un dernier point, qui ne concerne sûrement que moi mais tant pis. Ca m'a embêté que Elma soit binarisée. Calmez-vous, je m'explique ! D'habitude qu'un personnage soit un garçon, une fille, un non-binaire, je m'en fiche. Mais il se trouve que la première fois que j'ai vu Elma, je n'ai pas su si c'était un garçon ou une fille, et son nom n'étant prononcé que tard dans le film et son sexe dévoilé globalement assez tard aussi (quelqu'un qui dit "votre fille" ou quelque chose du genre), j'ai longtemps pensé que l'on ne saurait "rien" de ce personnage. D'habitude, j'aime bien quand on n'en sait pas trop sur un personnage (j'avais apprécié le fait qu'on ne sache pas le nom du protagoniste de Tenet par exemple), et je dois avouer que là le fait de ne même pas connaître le sexe du personnage m'intéressait au plus haut point ! Mais non, tant pis. Surtout que ça aurait pu être évité, en disant "mon enfant" au lieu de "ma fille" et en lui donnant un prénom à la fois masculin et féminin, genre Camille.


En conclusion, on a un premier film avec un assez haut potentiel, mais malheureusement gâché par de nombreuses incohérences qui font assez tache. Je consens à donner une seconde chance à Romain Quirot, mais je le garde à l'œil.

Moignon_Fou
5
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le 3 juin 2021

Critique lue 89 fois

Moignon_Fou

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