Véritable drame plastique que nous présente Michelangelo Antonioni à travers son film " Desorto Rosso". Il se fait poète de l'allusion et de l’intériorité. Une intériorité qui se manifeste cependant et va se loger dans tous les détails de l'image, dans une pure séduction chromatique. La ville de Ravenne, est dès lors transformée en oeuvre cubiste, aux aplats sans perspective, aux compositions non figuratives. Le personnage de Giuliana démontre parfaitement cette aliénation, cette perdition dans un monde qui connait le progrès industriel. Ce monde dont a peur le personnage, Antonioni ne l'explique pas mais le met en évidence de manière formelle. Cette chromatisation est donc fondamentale dans le film, elle ne sert ni à des fins psychologiques, ni dramatiques, ni symboliques, ni picturales, mais elle est sensitive. L'auteur réalise une oeuvre abstraite, rejetant toute forme de réflexion, mais transfigurant la perception ( la technicolor accentue cela ). On atteint un irrationalisme de la vision, et en cela on comprend l'influence de Matisse sur le réalisateur originaire de Ferrare, qui déclarait "ne pas peindre les choses, mais ce qu'il y a entre les choses". Il devient le peintre de l'interstice, le peintre de la sensation poétique. Cette rythmique des couleurs servirait donc à appréhender un nouveau langage dans notre monde, une sorte de communication esthétique.
lenys
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le 29 janv. 2015

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