Avec Le Diable, tout le temps, Antonio Campos compose une fresque sombre et poisseuse où la fatalité semble écrite avant même que les personnages apparaissent.
Dès les premières scènes, j’ai ressenti ce mélange entre la cruauté sèche de No Country for Old Men et la mélancolie enracinée de Au milieu coule une rivière, avec par moments un parfum de Paul Thomas Anderson. Le destin des personnages s’enchaîne avec une fluidité surprenante : les trajectoires se croisent sans jamais donner l’impression d’une mécanique forcée, ce qui renforce l’idée d’un monde où tout est déjà condamné. Les quelques ruptures chronologiques sont bien amenées, jamais gratuites ni déstabilisantes.
Le casting, pourtant prestigieux — Tom Holland, Robert Pattinson, Bill Skarsgård ou Jason Clarke — a la décence de s’effacer derrière la narration. Personne ne cherche à voler la vedette, ce qui sert la tonalité tragique et collective du récit. La critique de la religion traverse le film sous plusieurs formes : manipulation, fanatisme, aveuglement, oppression… et cette diversité de points de vue en fait l’un des aspects les plus réussis.
J’ai cependant tiqué sur la voix off, parfois utilisée comme une béquille explicative. Certains personnages auraient aussi gagné à s’affirmer davantage, au lieu de rester enfermés dans une caractérisation un peu simpliste.