finalement, on est toujours le con de quelqu'un

J’avoue m’être lancé dans le visionnage de ce film en m’attendant à assister à une énième comédie française qui aurait mal vieillie, mais je me suis rapidement surpris moi-même à rire honnêtement dès les premières minutes. Le Dîner de cons avait pourtant tout l’air d’une proto-comédie française clichée : des bourgeois parisiens, baignant dans la haute sphère culturelle et économique, qui s’amusent à inviter des “cons” à dîner pour jouir d’une cruelle humiliation sociale. Un entre-soi caractérisé par son hypocrisie constante, sa fausse modestie et son mépris social ; des relations désincarnées où les amis se volent leurs femmes et maris respectifs. Bref, des bourgeois infidèles, calculateurs, dépravés et libertins.

Or, ici, Francis Veber arrive à reprendre ce cadre contextuel sans pour autant alourdir son film, dont les quatre cinquièmes se déroulent en une soirée dans un huis clos, qui, ne rend pas l’ambiance pesante tant l’appartement est vaste. Les allées et venues des différents personnages, les appels téléphoniques et les nombreux rebondissements dynamisent un film qui ne dure qu’1h20, mais qui parvient, dans ce laps de temps relativement restreint, à poser un contexte, une tension, des rebondissements et un dénouement - le tout emballé dans un humour intemporel.

Car ce qui m’a sûrement le plus marqué en regardant cette comédie française, c’est la manière dont elle n’a pas vieilli. Les anciens téléphones, voitures, et ordinateurs se fondent dans une trame intemporelle, l’hypocrisie sociale dépeinte est plus que jamais d’actualité, et même l’humour reste percutant, évitant les blagues déplacées (misogynes, homophobes…) qui auraient pu faire passer cette production pour “dépassée” (comme OSS 117).

Ce qui rend cette histoire touchante, c’est bien qu’elle porte une morale, certes assez tautologique, mais rarement explorée dans la comédie française, et que l’on peut résumer par ce verset de l’Ancien Testament : « Le sot se croit sage, mais le sage reconnaît qu’il est un sot. ». En effet, c’est bien Pierre Brochant, celui qui se pensait le plus intelligent et au-dessus des autres, l’organisateur de cette mascarade sociale avec le “con”, qui se retrouve à la fin du film détesté de sa femme et de sa maîtresse, avec un tour de rein et un futur contrôle fiscal. Et c’est bien François Pignon, le “con”, qui passe toute la soirée à tenter de l’aider par tous les moyens, jusqu’à la dernière scène. Cette ironie sociale nous rappelle que finalement, on est toujours le con de quelqu’un.

Bref, un film court (rare !), d’une drôlerie efficace, accompagné d’un jeu d’acteur convaincant. 9/10.




SimonDou
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le 21 juil. 2025

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