Une belle image vaut mieux qu'un long discours, mais ne le sauve pas

Ce site ne donne pas la possibilité de dessiner la déception que m'a provoqué ce film, et d'ailleurs je pense que ce serait assez moche à voir, donc je vais en dire quelques mots.
Et quelques mots valent souvent mieux, aussi, qu'un long discours raté.

Loupé au moment de sa sortie en salles, je me faisais une joie de le rattraper sur Canal. Je suis assez fan de l'humour de Fabcaro, le casting m'est assez sympathique et je n'avais pas d'a priori sur Laurent Tirard (bon, j'avoue, après avoir vu ce film, c'est clair que je n'irai pas voir son prochain) mais le fait est que j'ai vite déchanté en regardant Le Discours.

Le pire c'est que ça partait pourtant bien avec ce générique parlé, même si ça n'apporte rien et que ça a déjà été fait, c'était un minimum original, et cette mise en place assez dynamique.
Le film ne manque pas d'idées, puisque le livre dont il est adapté est très bon. Mais toutes ces idées (ou presque) tombent à plat, faute d'un rythme, d'une énergie ou tout simplement d'un sujet qui se prête à la comédie filmée.

J'avais beaucoup aimé Benjamin Lavernhe dans Radiostars, dans Le sens de la fête et surtout dans Mon Inconnue (où il était hilarant), ici il est juste insupportable.
Autocentré, méprisant, bavard (en voix off quasi-ininterrompue du début à la fin), jamais drôle, le personnage auquel on pouvait s'identifier à l'écrit, dont les névroses, le regard et les excès provoquaient le rire et, un peu, l'empathie, devient le gros repoussoir de cette histoire.
Si on comprend pourquoi Sara Giraudeau le quitte, on ne comprend absolument pas pourquoi elle finit par revenir. Le personnage multiplie les défauts et devient même parfois contradictoire entre les flashbacks et le présent.
Pareil pour sa famille : les acteurs sont très bons mais leurs personnages sont tellement caricaturaux et vus par le prisme négatif du personnage principal qu'il est impossible de s'y attacher. Dommage quand on a François Morel ou Kyan Khojandi d'en faire des caricatures ambulantes, des êtres figés dans des stéréotypes lourds.

Tout parait cliché, daté, que ce soit les décors, les personnages ou la représentation de la famille, du couple. Les dialogues, très écrits, ne prennent jamais vraiment corps, et surtout, comme je l'ai déjà dit, ne font jamais vraiment rire. Ce qui est dommage pour une comédie.
Le format théâtral aurait peut-être mieux convenu (d'ailleurs, il parait que l'adaptation avec Simon Astier est plutôt réussie, elle).

Bref, après avoir réussi à adapter Goscinny sans provoquer le moindre rire avec Le Petit Nicolas, Laurent Tirard renouvelle l'exploit avec Fabcaro (probablement l'un des meilleurs héritiers actuels de Goscinny). Et c'est bien triste.
Espérons que François Desagnat s'en tire mieux avec Zaï Zaï Zaï Zaï mais je crains que les mêmes causes produisent les mêmes effets.