J'assume
Amélie Poulain, je défends sans honte. Comme Unfinished Sympathy de Massive Attack, ce film a le don de me mettre dans une petite bulle. Quand j'en ressors, je peux découvrir une cure contre le...
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le 26 oct. 2010
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Au milieu des années 90, une jeune serveuse parisienne dans un bar de Montmartre s'éprend d'un homme un peu paumé qui vivote en travaillant à temps partiel dans un Sex Shop. Raconté de cette façon ça ne donne pas spécialement envie, mais il s'agit pourtant d'un film culte et de l'un des plus gros succès français des trente dernières années. Vous l'avez reconnu je parle du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain bien sur.
Si j'ai choisi d'introduire ma critique de cette manière ce n'est évidemment pas pour rien. C'est pour rappeler que la perception que l'on peut avoir d"une réalité souvent triste et/ou banale est le propos même du film. Ça peut être l'histoire du verre à moitié plein/vide bien sur, mais pas seulement. C'est aussi montrer à quel point notre imaginaire peut remodeler et colorer en noir, en rose ou dans n'importe quelle couleur, le monde réel ou nous vivons.
Car si on veut être complètement objectif, ce qui est la négation même du film , tous les personnages et les histoires qui entourent la petite Amélie sont empreints de cette même tristesse ou cette même banalité. Prenons son père d'abord, un veuf dépressif et visiblement à la limite de la sénilité. Regardons maintenant ses collègues et les clients du bistrot ou elle travaille: une belle collection de jaloux, d'aigris, d'hypocondriaques et de chômeurs aussi apparemment. Ses voisins: un vieil homme malade qui ne sort jamais, une concierge bavarde et (encore) dépressive, un épicier gras et antipathique et son jeune employé maghrébin. Et Amélie dans tout ça ? Ben pas grand chose. Elle déprime elle aussi et puis cherche l'amour accessoirement. Bon pas la peine d'aller plus loin, vous l'avez compris on n'est ni dans Alice aux pays des Merveilles ni dans la Quatrième dimension mais dans une réalité tout ce qu'il y a d'ordinaire et banale.
Pourtant le film, qui se calque totalement sur la vision que a Amélie du monde, ne ressemble en rien à ce que je viens de décrire. Pour elle, les selfies abandonnées sous un photomaton par un technicien chauve et un peu tristounet, venu tester l'appareil, sont bien sur les photos d'un mystérieux fantôme. Et tout le reste de l'histoire est bien sur à l'avenant.
Tous ceux -et ils sont assez nombreux- qui ont reproché à Amélie de dépeindre un monde qui n'existe pas n'ont rien compris au film. Ce n'est pas la vision du réalisateur qui est fantaisiste, mais celle d'Amélie elle même. Et d'ailleurs peut-on vraiment parler de fantaisiste quand cette fantaisie est le produit de notre imagination et de nos émotions. Car sans ces dernières que serait la vie ? Le sujet du film est là et nul part d'autre. Amélie Poulain, n'est pas un film politique, ni nostalgique ni réactionnaire , ni enfantin , bisounours ou quoi que ce soit. Il ne fait passer aucun message. mais simplement une petite philosophie à prendre ou à laisser: la réalité de nos vies c'est avant tout notre réalité à nous, celle ce que nous percevons et qui renvoie donc à ce que nous avons en nous mêmes. Et puis concevoir tout un film autour de ça, il fallait y penser quand même. Bravo. En franchissant le pas Jean Pierre Jeunet signe une œuvre profondément originale, intelligente et lumineuse.
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Créée
le 1 sept. 2023
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Amélie Poulain, je défends sans honte. Comme Unfinished Sympathy de Massive Attack, ce film a le don de me mettre dans une petite bulle. Quand j'en ressors, je peux découvrir une cure contre le...
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le 26 oct. 2010
253 j'aime
33
Le film qui m'a fait découvrir les sot-l'y-laisse. Donc 10/10. Bon trève de plaisanterie, je me dois de rédiger une "vraie" critique d'Amélie Poulain. Après l'avoir vu 5 fois, je crois que je m'en...
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