La critique française est quasi unanime pour dire à quel point Le Fils de Saul (László Nemes, 2015) est un film « choc », « essentiel », qui trouve la manière « juste » de filmer « l’irreprésentable ». Certains néanmoins lui reprochent exactement ce que d’autres louent.


En tête, les Cahiers du Cinéma pointent son attirail spectaculaire, « sur le mode vis ma vie ». Jean-Philippe Tessé butte sur cette approche immersive, qui colle à son personnage principal et nous fait éprouver son expérience. Le problème qu’il soulève est que selon lui, le cinéaste n’est pas à la bonne place. Coller la caméra au dos de son acteur consisterait à donner au spectateur l’impression de vivre une expérience comme « s’il y était », et lui permet de « s’y croire ». Il est vrai que Le Fils de Saul entretient un rapport assez ambivalent avec la notion d’immersion. C’est cette question que j’aimerais développer ici, en passant certainement sous silence de nombreux aspects de ce film. A mon avis, Le Fils de Saul tire sa singularité du fait qu’il n’a pas peur de se plonger à corps perdu dans cette forme dite « immersive », que permet le matériel moderne et qui est surexploité, comme vecteur de sensations fortes, dans les « films chocs » et dans les blockbusters vidéoludiques.


C’est une grande maîtrise technique qui a permis à ce film, où l’on ne voit pas grand chose, de se faire. Il est important de signaler qu’il a été tourné en pellicule 35mm. Nemes, dans les entretiens qu’il a donné et ce dès la présentation du film à Cannes, défend ce support qui permet de faire un film de manière artisanale. Il entend revaloriser le « savoir-faire », en opposition à la confiance aveugle que l’industrie est en train de vouer au numérique. Si je souligne cet aspect, c’est qu’il me semble que la réflexion de Nemes sur la technique, le support, la phénoménologie des images est réellement consubstantielle de son sujet...


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Miroirs
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le 18 janv. 2016

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