A cause (ou grâce) de son sublime Les Enfants Loups, j'avais beaucoup d'attente sur le dernier long métrage de Mamoru Hosoda.
Non pas que Summers Wars et La traversée du temps étaient de mauvais film, juste que pour moi, il me manquait toujours un petit quelque chose et ce petit quelque chose je l'ai eu avec l'histoire d' Ame et Yuki .


Car oui, coupons tout de suite court au suspens, j'ai adoré ce film .. Et pourtant, on ne m'a pas facilité la tâche.
De peur que le film disparaisse un peu vite des écrans de cinéma, j'y suis allé le jour de sa sortie ( accompagnée de ma fille de 12 ans ) dans mon cinéma d'art et essaie local qui "Ô joie" le passait en VOST ( ce qui est mieux pour un cinéma d'art et essaie ;))
Pas de chance, celui-ci était en plein travaux de relooking ( faut dire , il en avait besoin ) et les problèmes vont s’enchaîner : bruits extérieurs un peu gênants, un film qui est lancé par mégarde en VF puis relancé en VOST , des ouvriers qui ouvrent la porte sans se dire que bon même si on est que 3 dans la salle, on aimerait quand même être tranquille etc, etc ( et j'en passe des meilleurs ).
En somme, il y avait intérêt de se plonger à corps perdu dans le film pour ne pas s'énerver continuellement.


Et bien, dès l'introduction, très typé conte chinois, je suis rentré dedans ( et je l'ai vu 2 fois, en VF donc et en VOST )
On pourrait d'ailleurs s'étonner d'une première partie très shonen si on ne connaissait pas la carrière de l'auteur ( il a commencé sur Digimon et est l'auteur d'un des meilleurs films One Piece ) mais celle-ci a l'avantage de nous présenter chacun des personnages, les relations qui les lient et l'univers qu'ils habitent ( le film faisant le va et vient entre le monde réelle et celui des bêtes ).
Celle-ci est assez classique mais dynamique et plutôt drôle. De plus, Hosoda nous rejoue le coup de la filiation, une thématique qui fonctionne plutôt bien sur moi : l'orphelin qui trouve en son maître colérique un père de substitution et le maître solitaire qui trouve en son élève un fils de substitution.


Mais c'est sans compter une deuxième partie, beaucoup plus riche et qui développe des idées très intéressantes en les traitant de façon fine et intelligente ( et qui servent au réalisateur à mettre plusieurs taquets à une société japonaise qu'il trouve trop rigide )
Il y en a une que j'ai trouvé particulièrement intéressante


Comme je l'ai écrit, la première partie a une structure "shonen". Kyuta est orphelin et il ne cherche qu'à devenir plus fort. Pour cela, il s'entraîne tous les jours et passe son temps à ne faire que cela. Et puis, il grandit et par hasard , il va retrouver le chemin du monde normal et là-bas, il va découvrir les livres, la culture, l'éducation ... Et en somme, il va comprendre que le savoir est aussi important (voir plus) pour être véritablement complet en tant qu'adulte.
Et ça, je veux dire, pour les gamins, c'est un message important que justement, on ne retrouve que trop rarement dans shonen ( imaginez San Goku ou Luffy se dire qu'ils ont passé trop de temps à se battre et que maintenant il faudrait peut être qu'il commence à ouvrir un livre )


Je terminerais cette critique sur la dernière partie qui semble avoir déçu certain.
Ce qui est marrant, c'est que sur les Enfants Loups, on a ( à tors ) beaucoup comparé Hosoda à Miyasaki. Sur cette dernière partie, très onirique au final, il m'a surtout fait pensé au très regretté Kon Satoshi. J'y ai retrouvé cet espèce de délire, cette étrangeté et dans une moindre mesure sa folie.


Au final, Le garçon et la bête est une réussite.
Charac-design, musique ( de l'excellent Masakatsu Takagi ), réalisation, scénario et sous texte, le film est d'une grande richesse et pourtant il reste abordable.
Enfants, adulte, tout le monde aura quelque chose à se mettre sous la dent en regardant cet animé.
Quand à Hosoda, il prouve que malgré une période très difficile pour l'animation japonaise, celle-ci a encore de chouette choses à nous faire découvrir.
Vivement le prochain.

Stephane_Hob_Ga
9
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le 17 janv. 2016

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