Alors pour ceux qui chercheraient du film de samouraï "classique", passez votre chemin hein. C'est une adaptation du roman hard boiled de Dashiell Hammett La moisson rouge, et ça se sent. Si le cadre est japonais, comme souvent chez Kurosawa on est dans un hommage au cinéma occidental.
L'arrogance cynique de Mifune, le brin d'herbe au coin de la lèvre, ou le sourire sardonique tandis qu'il se gratte la barbe, préfigure celle de l'homme sans nom des films de Leone. La vision de l'humanité est acerbe : les personnages sont soit faibles, soit ignoblement serviles, soit violents et stupides. Le vice est roi.
Certains plans sont un peu longs, notamment eux où Sanjuro et l'aubergiste épie des personnages à travers des fenêtres. ça ralentit le rythme inutilement.
La composition des plans est magistrale. Mifune est très souvent un point fixe sur lequel le plan s'ancre, tandis que tous les personnages s'agitent autour de lui. Lui économise son énergie.
La bande-son est assez déroutante, sorte de jazz bouffon mâtiné de musique atonale.
Synopsis.
Le ronin Sanjuro arrive dans un village où sévit une guerre entre le clan du vieux Seibei et du jeune et ambitieux Ushitora. Il tue trois hommes d'Ushitora en pleine rue pour faire monter son prix auprès de Seibei. Ce dernier et sa femme, tenancière de bordel, prévoient de l'éliminer pour économiser sa paie. Seibei prévoit une attaque le jour même. Au dernier moment avant la bataille rangée, Sanjuro révèle qu'il connaît le projet d'assassinat et les lâche. Il monte sur un toît profiter du spectacle du massacre,mais un inspecteur de la préfecture empêche les réjouissances. La ville joue la comédie de la paix devant lui.
Inokichi, le frère d'Ushitora, vient jauger Sanjuro, qui laisse les enchères pour l'engager monter. Mais pendant la trêve, Unosuké, un nouveau garde du corps arrive, armé d'un pistolet. Et deux tueurs d'Ushitora reviennent après avoir tué un fonctionnaire dans la ville voisine : Sanjuro les persuade de faire chanter leur chef, tant que l'inspecteur est sur place. Il les livre à Seibei. En représailles, Ushitora enlève le fils de Seibei. Lors de l'échange, il tue les deux tueurs encombrants et garde le fils en otage. Un nouvel échange a lieu, Seibei ayant kidnappé une jeune femme très belle.
Sanjuro accepte d'être engagé par Ushitora et part garder la jeune femme avec Inokichi. Il le distrait, puis lui dit que les six hommes qui la gardaient ont été tués. Une fois Inokichi parti, il les tue lui-même. Unosuké va brûler la maison de Seibei, qui attaque la distillerie d'Ushitora. Le massacre fait rage.
Unosuké suspecte Sanjuro et le confonds : il est tabassé et mis sous garde. Il fuit après s'être caché dans un coffre. Caché dans un tonneau, Sanjuro voit le clan Seibei se faire exterminer, puis se repose quelques jours dans un sanctuaire. L'aubergiste ayant été arrêté, il sort dans la rue et confronte dix hommes d'Ushitora. Il les extermine. Reste Ushitora, devenu fou. Le yojimbo part.