Yojimbo, c’est un western japonais. On y suit les péripéties d’un vagabond qui entre dans un village meurtri par la guerre sans fin que se mène deux clans et qui se met alors à leur double disposition, dans l’idée d’empocher un maximum.
L’hommage au western s’observe dès les premières minutes : plan large sur un homme seul, viril dans la vaste campagne. Le village s’organise autour d’une unique ruelle, façon western, qui est évidemment l’épicentre de l’action. Une auberge, une menuiserie et une fabrique de saké viennent donner un peu de consistance et de vie à ce décor, théâtral et austère. Leurs occupants respectifs sont des personnages fonctions, qui informent et mettent en valeur le vagabond.
On comprend très vite que face à notre samurai froid, sûr de lui et presque invincible, les pauvres hères des clans ne vont pas opposer beaucoup de résistance. En se mettant au service des deux clans, le samurai fait monter la violence inéluctablement et déchaine l’immoralité des guerriers aux gueules toutes plus laides les unes que les autres. Ce n’est donc pas un héros. Il agit toujours de façon amoral, sauf quand il sauve une famille menacée par un clan. Le climax est atteint, de façon attendue, dans un duel jouissif opposant le vagabond aux derniers membres du clan survivant. Il les massacre sans pitié, dans une fureur vengeresse et puis s’en va, en bon anti-héros solitaire qu’il est. Comme une ultime référence au western, le dernier guerrier du clan tente vainement de tuer le samurai en utilisant son revolver, qui matérialise lui l’arrivée de la modernité à la campagne et les violences qu’elle génère.
On a donc, comme souvent chez Kurosawa, une mise en scène solennelle, théâtrale et un décor nous rappelant en permanence que nous sommes bien dans un film. Les personnages sont campés dans leurs fonctions archétypales mais tout de même réussis. Un très bon divertissement donc, rendu plaisant par le déchainement de violence et l’immoralité omniprésente, malgré quelques longueurs. 7,5/10