Un couplet de Vaudeville pour une tragédie historique


C'est le ton de la nation; si les Français perdent une bataille, une épigramme les console; si un nouvel impôt les charge, un Vaudeville les dédommage.




Général Vaudeville Glenn Ford !



Le Général casse-cou de George Marshall nous plonge dans la France de 1944 durant la Seconde Guerre mondiale où l'unité du brigadier général Charles Lane (Kent Smith) après avoir été coupée par l'avance allemande se retrouve encerclée et prise au piège, forçant une réorganisation des troupes en mode défense afin de tenir bon. Un récit maintes fois vues qui va néanmoins puiser son originalité avec la mort du général. Un élément inattendu qui devient le nouveau moteur d'intrigues avec le sergent-chef Murphy Savage (Glenn Ford) qui usurpe l'identité de son supérieur, avec l'aide du caporal Chan Derby (Red Buttons) dans l'espoir de commander la défense et d'inspirer ses compagnons d'armes à lutter courageusement pour sortir du piège nazi en garantissant le moral des troupes. Un geste noble et courageux néanmoins sanctionnable de peine de mort part la cour martiale pour imposture. Une situation problématique où le nouveau général doit prendre garde à ce que personne ne le reconnaisse, sachant que parmi le bataillon un soldat connaît sa véritable identité ce qui vient ajouter de nombreuses séquences cocasses et amusantes.


Parler de la Seconde Guerre mondiale, un sujet grave et tragique, sur un ton vaudevillesque est très complexe. Surtout lorsque celle-ci ne tourne jamais pleinement son récit vers une comédie loufoque, conservant tout du long un attrait réaliste tourné vers le drame. Un choix ambitieux et culotté où l'on passe d'une séquence drôle à une autre plus gravissime. Une histoire pragmatique dominée par des phases de comédie et de légèreté sur une suggestion bien plus sombre des horreurs de la guerre, se permettant même de poser une véritable réflexion sur la galvanisation des troupes. Une idée intéressante mais casse-gueule avec une indécision de genre capable de tirer une séquence vers le haut par les rires après une scène difficile, ou de devenir une séquence fastidieuse en glissant une situation grave juste après un fou rire faisant tomber l'intention à plat. Une tentative aussi surprenante que décevante qui demande une parfaite maîtrise dans le dosage et le jonglage de genres pour pleinement fonctionner, ce qu'il réussit moyennement à faire : offrant au plus souvent un ton si décontracté et grave à la fois qu'il ne ressemble jamais vraiment à un drame ni jamais vraiment à une comédie. Une stature bâtarde à l'origine de quelques confusions pour beaucoup d'amusement.


Les affrontements contre les Allemands représentent la partie la plus convaincante du récit en optant pour des actions efficaces lors d'une scène amusante avec une jeep transformée en char afin de défendre un pont contre une attaque allemande qui va offrir une jolie petite bataille de chars d'assaut satisfaisant amenant quelques combats héroïques appréciables. George Marshall tourne son périple en noir et blanc à travers une image soignée faisant appel à quelques plans intelligents et minutieux. Aucune partition musicale à se mettre sous la dent, pour autant le cinéaste joue habilement du silence qu'il ponctue par un fond sonore illustré par les bombes d'un ennemi qui de minutes en minutes se rapproche, amenant un contraste sous tension que l'humour dédramatise par instants.


Glenn Ford sous les traits du sergent-chef Murphy Savage parvient à convaincre entre un ton aux discours grave et une mouvance plus maladroite collant avec le mal-être et le stress d'un homme ayant peur d'être découvert. Une approche amusante qui colle parfaitement avec la mine calme et propre du comédien qui entre les ordres et les responsabilités galère à rester impassible. Ses efforts pour maintenir sa véritable identité masquée via une attitude clinquante et sage va conduire le personnage à une série d'incidents et de malentendus drôlesque. Red Buttons en tant que caporal Chan Derby brille de sa charmante légèreté en tant que faire-valoir comique. La comédienne Taina Elg en tant que Simone, française qui va se retrouver coincée dans sa ferme bombardée qui va devenir en toute hâte le nouveau quartier général de cette résistance. Simone en tant que survivante française amène un peu de frivolité autour du personnage incarné par Glenn Ford.



CONCLUSION :



Le Général casse-cou est un petit film de comédie dramatique d'action amusant, réalisé par George Marshall, qui pour l'occasion retrouve son comédien fétiche : '' Glenn Ford. '' Un long-métrage étrange dans sa conduite de genre entre un drame et un humour qui se conjugue difficilement pour offrir un divertissement intéressant qui malheureusement n'atteint jamais son plein potentiel malgré quelques belles tentatives autour de quiproquos particulièrement amusants.


Le film mérite d'être vu pour la performance hilarante d'un Glenn Ford en mode Vaudeville sous les traits d'un général censé être mort au combat.



Point d'événement qui, chez ce peuple moqueur, ne soit enregistré par un vaudeville. Son caractère est toujours tourné à l'épigramme, et il répond par le sarcasme à tout ce qu'on lui propose d'utile.


B_Jérémy
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le 6 mars 2022

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