Un malaise envoûtant

Une incroyable découverte que de mettre ce film à tout hasard.

J'ai été immédiatement plongé dans le film, que ce soit par la musique, les couleurs, les plans, les acteurs, c'était envoûtant.

Je pense qu'envoûtant est le meilleur adjectif que je puisse donner pour le définir, car certes, il aborde des thèmes délicats qu'on peut critiquer très facilement au niveau de la politique, mais moi je ne parlerai pas de ce sujet.

J'aimerais mettre en avant plutôt le côté psychologique intense qui a été développé le long du film, la palette nombreuses de sentiments, et la critique objective d'une société qui n'hésite pas à descendre des concurrents ou bien des personnes et à les plonger dans le désespoir sans aucun scrupule, et même avec un sourire en coin pour le profit de clients, et à plus grande échelle, de politique.

On voit la déchéance d'un garçon maladroit et peu charismatique, devenu machiavélique pour donner un sentiment d'existence dans sa vie. Dans sa vie où il doit travailler en même temps que ses études de droit, une vie qui dépend de riches personnes qui se moquent ouvertement du fait qu'il soit campagnard et qu'il n'ait pas les codes, et sa déchéance commence précisément lorsqu'il se fait virer pour plagiat de sa fac et, au même moment, tout bascule et tout se révèle : il est un habile tacticien depuis le début. Son machiavélisme se révèle dès lors : d'un côté la société l'a poussé, d'un autre il fait le pas de lui-même pour devenir ce qu'il deviendra peu à peu.

Son isolement, sa solitude, son impression de ne plus être personne participent, je pense, activement à l'obsession maladive qu'il entretient avec cette fille. Il est capable de devenir tout autre, une autre personne, une double vie, juste pour se faire apprécier par cette famille et surtout par elle. Basculement entre la haine et la vengeance de ces riches, de cette société qui l'a jeté comme rien, et entre l'obsession de l'amour et d'être quelqu'un ; c'est ce dilemme tortueux qui l'a mené jusqu'à cette fin tragique.

Pour une fois, je peux dire que ça me plaît qu'on devine la fin, on sait ce qui va se passer, mais ce qui est intéressant c'est les nombreuses fois où il avait l'occasion de reculer, et qu'il ne l'a pas fait, qu'il n'a jamais hésité malgré le remord qu'il pouvait ressentir parfois et qu'il est allé toujours plus loin.

Capable de passer des nuits entières qui creusent ses joues et ses cernes, d'embrasser un homme alors que ce n'est pas son penchant de base, de coucher avec quelqu'un par profit, de commanditer un meurtre de quelqu'un qui l'appréciait, de se faire poignarder pour avoir l'air d'un héro, ce garçon maladroit est devenu un homme confiant et charismatique où ses problèmes mentaux se révèlent au plus grand jour, redouté de tous, et qui nous inspire du malaise.

Ce film m'a définitivement envoûté, surtout en faisant apparaître la sensibilité de ce jeune garçon qui se fait piétiner par la vie, et qui décide de piétiner les autres.