La fenêtre sur les années 60 était grande ouverte (alors j'suis rentré.)

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "Un Genre = Un Film."


Scénario :
Japon 1960. Un chef d'entreprise moustachu. Il va dans une sorte de bar à la japonaise et il boit avec ses copains. Ça parle de femme qui doivent être mariées à 24 ans. Ça parle de machin qui préfère s'acheter des clubs de golf plutôt que de mettre de l'argent pour un nouveau réfrigérateur. Et d'une barmaid qui ressemble à ta mère. Et de plein de petits trucs quotidiens.



En tant que sujet d'étude :



"Le Goût du saké " (en réalité "le goût du poisson-couteau d'automne"... les anglais ont appelés ça "Après midi d'automne." Bref, il y a pas vraiment de traduction parfaite...) est le film que j'avais choisit pour étudier ce qu'est un film Japonais. Bon, c'est loin d'être le premier film japonais que je vois, mais je voulais voir un film plus "classique" qui ne soit pas un Kurosawa. D'où ce film culte d'un auteur célèbre au japon Yasujirō Ozu.


Et autant dire que c'est le genre de film qui pose ce fameux cliché du "le film japonais est lent et contemplatif." Beaucoup de plans fixes, un sujet de film qui est celui de la vie de tous les jours, avec des personnes dont le quotidien est assez ordinaire. Le film prend le temps de laisser vivre ses personnages, de les laisser discuter et entame vraiment le fil narratif (le mariage de Michiko) sur la fin du film.


On est dans de la comédie dans ce qu'elle a de moins loufoque : mis à part peut-être le passage concernant les envies d'achats de clubs de golf d'un des protagonistes (avec les tensions que cela provoque dans le couple...) on est rarement dans la comédie "pure." Même lorsqu'ils se font des blagues entre eux, ils ont un côté "pince-sans-rire" et sérieux dans l'hmour. C'est une comédie dans le sens où ça n'est pas une tragédie, et encore on a de nombreux passages doux-amers. Pour le coup, on est totalement dans ce que les anglais appellent le "slice of life" où l'on voit des petits moments de vie quotidienne.


Ce film est une fenêtre ouverte : Du coup, si vous voulez savoir comment les japonais ont vécus les débuts des années 60, quel était la place de la femme, les occupations, la vie quotidienne, les bars, la transition de petites maisons vers des appartements uniforme, la transition d'un passage ... il faut regarder ce film. On regarde le quotidien des japonais sans fioriture ni artifices ce qui en fait un film intéressant et on a l'état d'esprit des japonais concernant la défaite du japon, la reconstruction et la place de la femme à l'instant "T".


On est toujours dans une société où la femme doit se marier à 24 ans, où c'est principalement elle qui fait toutes les taches ménagères (au point que Michiko ne sait absolument pas comment son père fera si jamais elle part de la maison) et où c'est elle qui gère tout le côté "foyer". Avec le développement économique, les familles sont de plus en plus fragmentées et les personnes âgées destinées à finir leur vie seule ou devenir un problème pour l'épanouissement de leurs enfants



Mon avis personnel :



J'ai globalement aimé, même si je dois dire que j'ai trouvé ça loooooong. J'ai vraiment eu du mal à rentrer dans le côté "slice of life" du film. Je crois qu'il m'a fallut du temps pour identifier les personnages et savoir "de quoi le film parlait au juste." Et même après, j'aurais du mal à dire que je n'ai pas soupiré en me disant "bon, c'est cool, mais elle est longue cette scène."


Mais j'estime que c'est bien plus moi qui ai eu du mal à rentrer dans le film qu'un problème inhérent à la cinématographie d'Ozu. Parce que mine de rien, j'ai compris le message du film et au fond de moi, j'ai bien aimé, notamment pour tout le côté "purée, mais j'ai l'impression d'avoir voyagé dans le temps, c'est dingue !" qui a commencé à me prendre au cours de mon visionnage.


Peut-être que j'étais pas assez concentré, ou peut-être qu'à l'inverse, je suis trop resté à la surface pour vraiment m'immerger. Pas grave, ça arrive.

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le 17 févr. 2017

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