Ceux qui me connaissent savent que j’ai un rapport compliqué avec NWR. Le bonhomme lui-même m’est insupportable (on pense à l’interview mythique avec Friedkin où il explique qu’il est l’égal de Kubrick), son cinéma me touche plus ou moins, pour ce que j’en connais (Drive est fantastique, The Neon Demon est une purge infâme). Autant dire que j’arrivais face à Valhalla Rising prêt à montrer les crocs, surtout vu la réputation de lenteur du film. Premier constat, la photo sublime n’a pas démarré avec Drive, elle décolle littéralement la rétine dans les paysages nordiques. Second constat, la violence graphique n’est pas artificielle comme elle le sera dans Neon Demon. Ici, on assiste à un spectacle d’une brutalité sans nom, c’est dur, c’est âpre, c’est vrai, il y a un vrai ressenti de la matière. Mads Mikkelsen porte son rôle muet à bras le corps, donnant à son rôle une physicalité qu’il n’a jamais eue ailleurs, presque en opposition à son rôle du Chiffre dans Casino Royale, où il dissimulait cette physicalité, qui ne ressortait que de façon lacrymale et intempestive. Et la lenteur du film contribue à la radicalité qu’il endosse, notamment dans une séquence de bateau absolument insoutenable et d’une beauté sans nom. Et même si par la suite, le film s’essouffle un peu, notamment à cause d’un manque de caractérisation des personnages, tous les éléments cités précédemment ainsi qu’une poignée de scènes musicales saisissante lui donnent une force et un cachet certain, qui en font un objet fascinant. À l’image de son acteur principal, un film physique, violent, et monolithique.