C'est en marchant dans les entrailles, Que les Nains vont à l'assaut...

Plus de dix ans après leur sortie, je re-regarde la trilogie du Hobbit, édition étendue, pour voir comment ces films ont vieilli et si ils méritaient vraiment l'accueil mitigé qu'ils ont reçu à leur sortie.

C'est enfin sur le troisième et dernier volet, La bataille des cinq armées, que se porte mon regard, celui qui terminera de forger mon opinion définitive sur la trilogie...

Qu'en est-il ?

Je pense que la trilogie du Hobbit fonctionne malheureusement en decrescendo : le premier film est le meilleur et le dernier est le moins bon.

La structure narrative du film est un peu étrange, car les producteurs ont pris la curieuse décision de reporter

au début du troisième film plutôt qu'à la fin du second. Plutôt que de servir de climax à ce dernier, cela casse alors le peu d'élan avec lequel le troisième démarre, et englue tout le premier quart du film dans des pourparlers d'exposition qui n'apporteront pas grand-chose à l'intrigue.

En revanche, tout le reste du film se résume bel et bien au titre : de la baston, de la baston, et encore de la baston. C'est un déluge d'effets spéciaux et d'images de synthèse de bout en bout, et bien qu'elles soient réussies, leur surabondance leur fait perdre un peu de leur charme. On verra de tout : Orques, trolls, des sortes de vers des sables tout droit sortis de Dune, chauve-souris géantes, boucs de combat... Trop, c'est trop ! Qu'on se le dise : La Bataille des Cinq Armées est un film en images de synthèse entrecoupé de prises de vue réelles plutôt que l'inverse.

Le métrage est toutefois parsemé de très bonnes scènes qui auront marqué les mémoires, comme la reprise de Dol Guldur par le Conseil Blanc, ou l'escarmouche entre les elfes de Thranduil et les nains de Dain.

Il me semble également que la qualité de l'interprétation de Bilbo par Martin Freeman n'a fait que s'améliorer au fil de la trilogie, pour culminer dans ce dernier film.

Après avoir été, pour la compagnie des nains, tour à tour un boulet (dans le premier film), puis un héros occasionnel grâce à l'Anneau Unique (dans le deuxième), c'est dans le troisième que l'arc de son personnage prend une tournure plus dramatique.

Après avoir secrètement récupéré l'Arkenstone, la pierre du roi des Nains, Bilbo se trouve tiraillé par un dilemme moral : il doit choisir entre sa loyauté envers Thorin (quitte à le laisser devenir fou), ou tenter dans un dernier espoir de trahir la confiance des Nains afin de peut-être, réussir à éviter la catastrophe. L'interprétation de Martin Freeman, dans ce film, m'a paru au point et pertinente.

Il va toutefois sans dire que, des quelques pages du récit d'origine que couvre la bataille, Peter Jackson a dû beaucoup extrapoler pour arriver à un film de plus de deux heures, et c'est probablement le volet le moins respectueux de l'œuvre de base de sa trilogie du Hobbit. Il s'agit peut-être du seul ne se trouvant pas forcément amélioré par sa version étendue, tant l'interminable bataille, sur plusieurs fronts, souffre d'un rythme décousu (le film manque de respirations) et des enjeux parfois rendus confus par la surenchère dans laquelle le film se vautre.

Tout comme le précédent, La Bataille des cinq armées est donc un film assez inégal, comportant quelques bonnes scènes servant surtout de bonbon aux fans de l'univers du Seigneur des anneaux. Ces derniers arriveront donc à l'apprécier, mais il sera indigeste pour quiconque n'est pas déjà un-e fan.