La tristesse. Ce même sentiment qui nous submergeait en 2003 en découvrant Le Retour du Roi au cinéma. Une tristesse saine, accompagnée d’une douce euphorie épique, qui nous avait fait vibrer avec nos héros. Cette tristesse mêlée de joie. Celle d’arriver au bout d’une quête débutée deux ans plus tôt. Le voyage en Terre du Milieu prend fin et La Bataille des Cinq Armées clôture l’aventure de Bilbo et des 13 nains d’Erebor.

Coupé dans son élan, la Désolation de Smaug avait exacerbé notre impatience en s’achevant par l’attaque imminente du dragon sur Lacville. Brûlante, la destruction de la ville, conclue par le duel entre Bard et la créature, n’est en réalité qu’une longue introduction vers le chapitre final. Le cœur de ce volet se résumerait presque aux 90 minutes de bataille entre les cinq armées, rappelant les affrontements épiques du Gouffre de Helm ou de Minas Tirith.

Les voyages sont terminés. Nous restons sur le territoire d’Erebor où l’or et la pierre reflètent la folie de Thorin et contrastent avec les larges plaines et ruines. Le courage des nains, des hommes et des elfes est mis à rude épreuve pour repousser les forces de Dol Guldur. La caméra de Peter Jackson filme cette immense armada de figurants avec la maestria qu’on lui connaît et nous immerge dans un torrent d’émotions fortes. Savamment dosée, l’action rythme l’histoire de bout en bout, compensant quelques longueurs aux moments des éclats de folie de Thorin. Une faiblesse pardonnable qui sera aisément compensée par ce conteur hors-pair qu’est Peter Jackson.

Le très beau casting est également une réussite à mettre à son crédit. Thorin, plus torturé encore, est admirablement interprété par Richard Armitage. Le roi des nains et ses compagnons sont habités par leurs personnages tandis que Lee Pace montre l’étendue de son jeu en ne tombant pas dans le piège du sadique autoritaire, contrebalançant d’ailleurs avec le duo Bloom/Lilly qui reste dans la droiture que leur rôle leur impose. Ian McKellen, en grand acteur qu’il est, revêt une dernière fois la robe grise du magicien comme une seconde peau. Quant à Martin Freeman, dont la justesse de son jeu perdure d’un bout à l’autre de la trilogie, il réussit à faire évoluer le personnage de Bilbo du pantouflard fumeur de pipe au compagnon courageux et loyal, prêt à risquer sa vie pour ses amis. Une belle évolution qui, bien que classique, marque son accomplissement face aux épreuves.

Un opus qui conclut la quête de Bilbo, mais qui marque aussi le commencement de celle de Frodo. Le sauvetage du magicien gris par un trio légendaire à Dol Guldur prépare la chute du sorcier blanc dans les abysses des ténèbres tandis qu’ un hobbit rentre chez lui, l’unique en poche, et le gardera précieusement pendant soixante années. Peter Jackson boucle la boucle, faisant jaillir la nostalgie par le biais des dernières images qui font le lien avec La Communauté de l’Anneau.

Avec La bataille des cinq armées, Peter Jackson offre aux fans une belle conclusion à la trilogie du Hobbit, où les batailles se mêlent à l’émotion pour achever formidable les adieux du réalisateur à cette Terre du Milieu qu’il aura mise en images pendant plus de dix ans. Un dernier au revoir réussi qui achève cette fin d’année avec brio. Merci monsieur Jackson. Merci monsieur Tolkien.
Thomas_Gaucher
8
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le 9 déc. 2014

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Tom Left

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