Je ne vais pas vous mentir : très franchement, j’aurais pu démonter ce film. J’ai eu un mal fou à rentrer dedans, un mal fou à oublier que je n’étais qu’un jeune homme devant son écran et non pas un quinzième membre de ce petit groupe au si grand cœur. Mais comme d’habitude avec l’ami Jackson, il arrive à enchaîner le restaurant et la nuit chez lui par l’usure. C’est tout lui ça.
Parce que oui, le mélange de départ, même en ayant conscience de la particularité du livre, il est difficile à « accepter ». Cette espèce de fusion entre le sérieux et l’épique du Seigneur des Anneaux mélangés avec le côté burlesque et gag-esque d’un Pirate des Caraïbes, ça m’a complètement dérouté. Je ne savais pas trop quoi en penser, et ce n’est pas les quelques chansons aussi soudaines que surprenantes qui m’ont aidé à y voir plus clair. En fait je crois que le problème de Jackson, c’est qu’il voulait absolument faire de l’épique tout en gardant le côté enfantin du livre. Et quand les deux se mélangent au sein d’une même scène, ça choque un poil.
Mais pourtant, des éléments se dégagaient déjà : l’image est sublime (malgré des effets de synthèse beaucoup trop voyants à mon goût), les panoramas sont toujours aussi soignés, les musiques font ce petit pincement au cœur qui fait plaisir, et ils se sont même permis des clins d’oeils à la trilogie originelle qui font plaisir au petit « fan » (un peu galvaudé ce mot ces temps-ci) que je suis.
Mais ce qui est des qualités est aussi des défauts : j’ai grandi avec les musiques du Seigneur des Anneaux, j’ai pleuré, j’ai ri, j’ai eu des poussées d’adrénaline avec ces musiques. Du coup, je voulais une nouvelle dose, une nouvelle raison d’être en trip pendant des mois, et non pas être resservi de plats dont je connaissais déjà la saveur par cœur. Certes, il y a quand même des nouveautés, et certes, réentendre des sonorités aussi exceptionnelles fait chaud au cœur, mais ça manque quand même parfois un peu de prise de risque.
J’ai ressenti un peu la même chose envers les décors. J’ai passé le film à faire des analogies avec des scènes des deux premiers, tant certaines montagnes et certains plans sont à la limite du copié/collé. Autant ça aurait pu ne pas me gêner, autant parfois j’avais l’impression qu’ils refaisaient le trajet de la communauté, ce qui est un peu embarrassant vu que ce n’est pas censé se dérouler aux mêmes endroits. Par exemple le passage (spoiler) avec les géants me rappelle carrément la chute de pierre qui les avaient obligés à se rendre dans la Moria.
Enfin, je me permet de faire cette même analogie avec certaines scènes, qui sont purement et simplement copiées/collés, probablement pour du fan-service, mais un peu aussi pour de l’agacement involontaire. Je pense par exemple au plan sur l’anneau qui tombe sur le doigt, certaines répliques de Gandalf qui font penser au culte « fuyez pauvres fous », ou encore les nombreuses fuites sur des ponts en train de s’effondrer.
D’ailleurs, niveau fuite, j’ai aussi mon mot à dire, parce que certaines structures sont un peu surexploitées et en deviennent des caricatures d’elles-mêmes. Fallait-il vraiment que chaque scène de combat commence par une fuite, puis un défaitisme, avant de finir sur un sauvetage de Gandalf ? Heureusement que la dernière scène est particulièrement réussie quand même, et qu’elle fait complètement oublier le reste par son intelligence. Et comme par hasard, Jackson n’essaye plus de faire du burlesque à ce moment-là (même si je ne dis pas que parfois ça ne fonctionnait pas !).
Mais du coup, pourquoi cette note ? Parce qu’il arrive malgré tout à me transporter dans une aventure hors du commun, parce qu’une fois le générique arrivé j’ai un pincement au cœur et ce sentiment de sortir d’une grande épopée, parce qu’il a le don de faire des longs-métrages qui portent bien le premier mot mais sans ennuyer, parce qu’il sait comment immerger le spectateur en fait, tout simplement. Et vous savez quoi ? Vivement la suite, vivement …. Demain !