Le début prometteur d'une saga se détachant du Seigneur des Anneaux!

1995 : année où Peter Jackson voulut adapter le célèbre conte Bilbo le Hobbit au cinéma. Mais pour une question de droits, il se rabattit sur Le Seigneur des Anneaux qui, en cas de succès, lui permettrait de s’occuper du premier roman de J.R.R. Tolkien. Avec le succès de la trilogie que tout le monde connait, il n’est donc pas si surprenant de voir le Néo-zélandais s’attaquer enfin à Bilbo. Mais c’était sans compter des problèmes de droits, de productions, de changement de réalisateurs (Guillermo del Toro était l’heureux élu), de tournage, de boycott de fanatiques… Bref, des années difficiles à mettre en place une nouvelle trilogie (décision de dernière minute) qui voit enfin le jour, par le biais de cette première partie. Peter Jackson a-t-il encore autant de talent à nous ramener sur la mythique Terre du Milieu ? (ATTENTION, SPOILERS !!!!)


Le Seigneur des Anneaux nous expliquait brièvement que l’Anneau s’était retrouvé entre les mains de Bilbon Sacquet. Mais ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de Tolkien ignorent que les aventures de cet Hobbit avaient été racontés bien avant leur trilogie préférée, qui contait les formidables péripéties de Bilbon, aidant contre son grés une confrérie de nain partie combattre le terrifiant dragon Smaug qui, jadis, détruit leur royaume et vola leur trésor. Et bien entendu, c’est sur le chemin menant à la Montagne Solitaire que notre cher Bilbon prendra l’Anneau au mystérieux Gollum.
Question scénario, Le Hobbit fait comme Le Seigneur des Anneaux, à savoir qu’il ne prend pas de risques et décide de raconter ce qui est dit dans le livre d’origine, en se permettant quelques raccourcis. Pour preuve, ceux qui se souviennent du livre pourront reconnaître aisément de nombreux dialogues repris de ce dernier, notamment lors du dîner chez Bilbon. Mais rappelons que Bilbo le Hobbit faisait environs 300 pages et qu’il se retrouve ici diviser en trois films, de 2h45. Comment avoir rempli ce premier film dans ce cas, si ce n’est de détails pompeux, alourdissant le rythme et rehaussant les longueurs. Il n’en est rien car Le Hobbit se permet de nombreuses libertés, tel l’ajout de la quête parallèle de Gandalf (sur le Nécromancien) qui ne fait ici que démarrer. Rendant également possible de nombreuses apparitions inattendues comme Christopher Lee (Saroumane), Cate Blanchett (Galadriel) Ian Holm (Bilbon vieux) ou encore Elijah Wood (Frodon). De plus, Radagast, personnage emblématique de l’univers de Tolkien absent des films et du livre se présente enfin à nous ! Vous l’aurez compris, Le Hobbit est une libre adaptation tout en restant le fidèle possible, gardant ainsi le côté « conte pour enfant » du livre, avec des moments bien plus comiques que dans Le Seigneur des Anneaux (avec les nains, la maladresse et les jérémiades de Bilbon…), qui se suit sans aucun déplaisir, la durée de 2h45 devenant très vite un temps bien trop court, le tout se terminant brutalement par une vue sur l’œil de Smaug.

Comme il fallait s’y attendre, c’est bien du point de vue technique que Le Hobbit doit être le plus critiqué ! Et d’après les premières bandes-annonces, on pouvait commencer à craindre le pire avec ces décors bien plus numériques et ces images bien trop colorées qui rapprocherait le film de Narnia (le hérisson) ou bien d’une adaptation de World of Warcraft. Dans un sens, c’est le cas mais fort heureusement, cela joue à la faveur du film. Car Le Hobbit n’est pas Le Seigneur des Anneaux, que ce soit en livre ou en film. Il s’agit d’un conte pour enfant, et Le Hobbit se voulant être fidèle, se devait de garder cette ambiance bon enfant et féérique au lieu de céder à l’obscurité et la maturité de la trilogie. En voyant donc Le Hobbit comme un conte, aucune raison d’être déçu par des trolls qui parlent, des effets spéciaux hauts en couleur de toute beauté, et une mise en scène digne d’un enfant émerveillé par des décors numériques et naturels tout simplement grandiose. Sans oublier Howard Shore, qui, comme Peter Jackson ayant repris des détails de sa trilogie (Bilbon mettant l’Anneau comme Frodon, le film démarrant quelques minutes avant l’arrivée de Gandalf de La Communauté de l’Anneau, l’évocation de Sauron…) réutilise les mythiques thèmes des films précédents, en arrivant à en créer de nouveaux, somptueux, et osant adapter les chansons propres au livre.

Et chose incroyable, la patte de Guillermo del Toro se ressent beaucoup, du moins du côté du design de certaines créatures (le roi des Gobelins, le nouveau look des Wargs, l’apparence de l’Orque pâle…), sans oublier son sadisme envers les personnages (le Gobelin en train de se faire dépecer vivant par Gollum). Mais c’est bien Peter Jackson qui est derrière la caméra, filmant sa Nouvelle-Zélande avec amour, nous faisant voyager une nouvelle fois en Terre du Milieu, et filmant des séquences d’action tout simplement magistrales, avec une fluidité de montage et de mouvements de caméra étonnante.

Pour ce qui est des acteurs, il est heureux de retrouver Ian McKellen dans la peau de Gandalf le Gris (le Gandalf d’avant sa chute avec le Balrog), qui semble bien plus s’amuser qu’en Gandalf le Blanc. Même chose pour Andy Serkis, qui toujours avec autant de jubilation le célèbre Gollum. Et n’oublions pas Hugo Weaving en Elrond ! Mais ce sont bien les nouveaux venus qui ne devaient décevoir le spectateur. Et franchement, on ne peut rien dire devant toute cette tripotée incarnant et offrant des personnalités différentes à chaque nain, au point que leur complicité se remarque dès leur apparition. Sans oublier la maturité et justesse de Richard Armitage (Thorïn), et surtout Martin Freeman, l’acteur idéal pour incarner Bilbon dans toute sa sympathie, sa maladresse et ses manières.

Le Hobbit n’est pas Le Seigneur des Anneaux, malgré le rattachement à la trilogie (l’Anneau, les musiques, les personnages…). Il s’agit plutôt d’un film fantastique pour tout public (même si certaines scènes ne sont pas pour les plus jeunes). La déception est donc là à ceux qui s’attendaient retrouver leur trilogie. Par contre, concernant les autres, à savoir ceux qui attendait Le Hobbit pour ce qu’il est (un conte pour enfants), ils se délecteront de cette première partie ! Car ce Voyage inattendu est ce que l’on peut appeler une réussite, tant sur le plan visuel que le côté divertissant. Au final, la seule véritable déception provient du fait qu’il faut attendre encore une année pour voir une nouvelle partie de l’histoire. Et un an, c’est trop long !!!
sebastiendecocq
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le 12 déc. 2012

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