Parfois, en écoutant les nouvelles matinales à la radio, son bol de café devant soi, ou bien en dépliant le journal gratuit dans le métro, on ne comprend pas. Dans un élan de naïveté, d'indignation juvénile, on se dit rageusement "Pourquoi ?". Pourquoi les guerres débiles, pourquoi les marchés financiers puissants au point de marcher sur la tête du monde entier pour asseoir leur propre grandeur, pourquoi l'extrémisme religieux, pourquoi "Joséphine, ange gardien", pourquoi la famine, pourquoi.

"The Hobbit" soulève en moi la même interrogation enfantine et désespérée.
Pourquoi et comment un film avec un si gros budget peut-il être aussi indéniablement laid ?
Pourquoi embaucher un acteur aussi bon que Martin Freeman si c'est pour lui donner à jouer une partition scénaristique dont la pauvreté n'égale que l'absence totale d'originalité et de talent dans l'écriture ?
Pourquoi se faire chier à augmenter le framerate d'un film à 48 images/seconde si c'est pour le faire ressembler à une séquence de "Vidéo Gag" ?
Et, surtout, pourquoi étais-je la seule dans la salle à éclater d'un rire gras quand le vieux magicien miteux pousse un dramatique "Sebastiaaan" quand son hérisson est mourant ?

Ce film est mauvais. Vraiment, vraiment mauvais.
Il ne se hisse pas même au niveau de la trilogie du Seigneur des Anneaux qui - si on lui fait la grâce d'oublier son premier opus et les vingt dernières minutes de son épilogue - est parfaitement correcte dans le genre du divertissement hollywoodien qui fait son boulot, même si sans génie.

Ce film est laid, con et va faire beaucoup d'argent. Pourquoi ?
Ce film me donne envie de courir dans les jupons de ma maman et de lui réclamer des gâteaux, pour oublier sa moyenne incompréhensiblement élevée sur Sens Critique, pour oublier mes yeux et mon cerveau qui saignent après cette torture de presque trois heures, pour oublier qu'à la radio ils ont dit qu'il y avait des bombardements, pour oublier ma triste et rageuse incompréhension.
"The Hobbit", tu es ma guerre en Irak.
LaurèneBancale
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le 15 déc. 2012

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