Le jardin des tortures par pierrick_D_

Le cinéma fantastique anglais des années 50 à 70 a généralement très bonne réputation dans les milieux cinéphiles.La Hammer,Terence Fisher,Christopher Lee,Peter Cushing,des Dracula,des Frankenstein,tout ça.C'est vrai qu'il nous réserve de bons films mais il y a aussi beaucoup de déchet,comme le prouve ce "Jardin des tortures" qui a fort mal vieilli.On y voit un petit groupe de personnages visiter une attraction foraine tenue par le docteur Diabolo,pseudonyme transparent,lequel va leur révéler ce qui les attend dans l'avenir,et ce n'est guère encourageant.A moins que Diabolo mente.Les protagonistes et les histoires changent mais la structure est rigoureusement identique à celle du "Train des épouvantes",réalisé par le même Freddie Francis deux ans auparavant,avec déjà Peter Cushing.Un film à sketches dans lequel un type inquiétant affublé du titre de "docteur" montre à quelques personnes leur terrifiant futur,la seule différence étant que cette histoire se déroulait dans un train alors qu'ici nous sommes dans une baraque foraine,ce dernier élément étant pompé sur le génial "Cabinet du docteur Caligari",chef-d'oeuvre de l'expressionnisme allemand.L'idée n'était pas mauvaise de souligner que le mal est présent en chacun de nous mais que nous avons le choix de le laisser ou non s'exprimer.Les personnages sont des gens ordinaires qui,confrontés à des situations exceptionnelles,risquent d'être débordés par leurs démons intérieurs,cupidité,arrivisme,jalousie,possessivité,mais dont les actions restent soumises à leur libre-arbitre.Pitch intéressant donc mais médiocrement développé dans ce film moraliste et grand-guignolesque qui prête plus souvent à rire qu'à frissonner.On ne peut même pas considérer que,ainsi qu'il est de tradition dans ce genre d'entreprise,il y ait des segments meilleurs que d'autres,étant donné que tous les sketches sont assez faibles.Et la mise en scène n'améliore pas le niveau.Freddie Francis fut un grand chef-opérateur mais un réalisateur très moyen.Son travail ici manque d'énergie et d'imagination,les scènes s'étirant en longueur et en répétitions,allant jusqu'à parfois frôler l'ennui.Le film est en outre truffé d'effets ridicules surlignés par une musique pléonasmique et de champs-contrechamps tristouilles.Et puis la charge horrifique du "Jardin des tortures",à l'instar de la plupart des films du genre de cette période,est sans puissance aucune.Pas d'images gore,une caméra qui se détourne pudiquement aux moments fatidiques,ça pouvait sans doute effrayer le public en 67 mais c'est ringard aujourd'hui.Certains prétendent que cette suggestion est plus efficace qu'une représentation brute de l'horreur.Possible,mais alors il faudrait que ce soit mieux fait que ça ne l'est dans ce film.Au sein d'une distribution disparate se distingue Burgess Meredith,qui maîtrise habilement le personnage de Diabolo dans lequel il aurait été facile d'en faire trop et de basculer dans le cabotinage.A contrario,Jack Palance est insupportable en fan d'Edgar Poe grimaçant et surexcité.Remarquons la belle qualité de l'image,avec un Technicolor éclatant et un joli travail sur les clairs-obscurs.