Si les Américains avaient su, ils nous auraient sûrement laissés avec les nazis... (c nul)

C’est à chier. Un film sur le débarquement où les méchants sont des nazis un peu rigolos, avec des blagues racistes, sexistes, homophobes, grossophobes, qui ne sont jamais drôles. Voilà donc une sacrée prouesse que ce Jour J. Les Américains doivent regretter d’avoir fait le débarquement, s’ils avaient su qu'il donnerait lieu à l'existence de ce film.

Aucune blague n’est drôle, et pourtant il y en a pléthore. Le pire est que les auteurs semblaient tellement fiers de certains gags qu’ils se sont sentis obligés de les faire deux fois de suite. Par exemple, la scène de la fourche : ce n’était pas drôle une fois, et ce n’est toujours pas drôle une deuxième fois avec le prêtre.

Au-delà de la médiocrité du film — qui, en soi, n’est pas grave — j’ai trouvé ce film dangereux par sa représentation de la guerre et des nazis. Dans le contexte actuel, de nombreux réalisateurs (PTA "Une bataille après l'autre", James Gunn "Superman",...) alertent sur la montée de l’extrême droite et du nazisme, tandis qu’en France on préfère demander à Jarry et Didier Bourdon d’humaniser les nazis, car ce seraient des êtres drôles, hippies sur les bords, et comparables au régime de Macron qui demande des attestations. La représentation de l’extrême droite dans ce film est cataclysmique.

De plus, le traitement historique est bidon et n’apporte rien. Le débarquement est utilisé pour l’intrigue - si on peut l'appeler ainsi - et pour faire des blagues pas drôles. L’indépendance de l’Algérie est évoquée, mais pour rien du tout : simplement pour parler de sauce algérienne. Faire un film sur cette période et ces références historiques avec si peu de réflexion est naze. Je trouve que Kev Adams et consorts ont acquis un public d’extrême droite — la salle étant majoritairement peuplée de personnes du troisième âge et quelques trentenaires vêtues de la marque Kaporal — ; ils parviennent à parler à cette France et s’en servent pour l’abrutir au lieu de la divertir tout en lui offrant des instruments de réflexion et de culture. Le film ne remet en question à aucun moment le mythe de la France résistante. Le personnage un peu lâche et peu héroïque campé par Kev Adams est utilisé seulement pour créer une histoire d’amour aussi superficielle que possible.

Dans ma jeunesse, Kev Adams était quelqu’un que j’appréciais dans Soda, etc. Je trouve dommage qu’il ait délaissé son public et les jeunes pour séduire ce public mi-ménagère, mi-cas sociaux et les personnes âgées, tout en campant son personnage d’adolescent loser depuis dix ans. Il ne s’est jamais remis en question, et je trouve ça dommage. Son humour ultra ringard (#Kalinade) en est la preuve.

De plus, le film utilise la discrimination pour faire rire, que ce soit de la grossophobie, des blagues du genre « hahaha le nul, il est puceau xptdr », ou mdr le type parle arabe, il a dit bismillah alors qu'il est blanc. Ce genre d’humour… Les discriminations de ce genre furent d'ailleurs une une composante du nazisme. Mais Claude Zidi Jr a fait un film pour l'uniforme mais pas pour ce qu'il incarne.

Sacrifié le scénario pour un enchaînement de blagues ce n'est pas grave, mais quand aucune n'est drôle c'est regrettable. Les comédies françaises sont de pire en pire. Il s’agirait d’en faire moins, mais de privilégier la qualité. Je viens de voir que le réalisateur a déjà des projets pour l'année prochaine... Je pense qu’en France, beaucoup de personnes rêveraient d’avoir des aides pour financer des films, et quand elles voient cette daube, elles doivent avoir envie de se jeter sous un train.

Louis Baudin méritait mieux, c’est dommage.