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5.2
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Film de Emma Bertran et Alba Gil (2024)

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El Diaro nous plonge dans l’histoire d’une mère célibataire qui s’installe dans une maison aux allures inquiétantes, rapidement marquée par des phénomènes étranges. Derrière ce point de départ qui semble n’être qu’une variation sur le thème archi-connu de la maison hantée, le film déploie un semi-huis clos où l’isolement et la fragilité psychologique deviennent les véritables monstres.

C’était mon premier film mexicain, et j’ai été frappé par le fait qu’il se cale assez naturellement sur des codes narratifs et esthétiques que l’on retrouve déjà dans le cinéma de genre américain moderne. Je n’ai donc pas été dépaysé, mais ce sentiment de familiarité n’empêche pas le film de proposer une approche efficace.

Là où El Diaro marque des points, c’est dans son intrigue simple mais tendue, qui met en valeur un dilemme central : une femme au bord de l’épuisement, écrasée par ses responsabilités et par le poids d’un destin dont elle ne parvient pas à s’extraire. On suit son cheminement avec une forme de fascination et parfois de frustration. On se surprend souvent, en moraliste d’opérette, à se dire : « mais elle devrait simplement...», alors même que nous sommes bien éloignés de vivre une telle situation qui nous renverrait immanquablement à nos propres échecs.

Malheureusement, tout n’est pas à la hauteur de ce potentiel. La mise en scène se révèle parfois un peu fade, voire maladroite, avec des partis pris visuels qui rappellent les thrillers horrifiques cheap du début des années 2000. Pas vraiment de quoi ruiner l’expérience, mais difficile de ne pas lever un sourcil en se disant que ce film est sorti plus de 20 ans après Jurassic Park et qu’il a pourtant l’air d’avoir eu du mal à évoluer avec son époque.

Cela n’empêche pas que le film reste solide dans son approche et ses thématiques (monoparentalité, isolement social, troubles psy chez les enfants, poids du destin et du déterminisme…), ce qui le rend un objet d’intérêt certain. Le casting soutient globalement très bien le propos avec un jeu assez convaincant sans pour autant crever l’écran. Pas la claque esthétique du siècle, mais un bon film de genre qui ne cherche pas à te faire bondir de ton siège, mais plutôt à te faire ressentir la tragédie d’une femme à la dérive.

Badzinho
6
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le 3 oct. 2025

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