A la base, je devais aller voir John Wick. Des flingues, des russes, des bars à putes, un chiot et Keanu Reeves, la recette toute-prête pour se vider le cerveau. Manque juste la pizza et la bière.


Par un enchaînement d'évènements impromptus, je me suis retrouvé devant Le Labyrinthe.
Je prends la chose avec philosophie. Un récurage intégral de cerveau en vaut bien un autre; y a peut-être moins de putes et moins de Keanu Reeves, mais tu le mets quand même de côté, c'est l'essentiel.


Je rentre dans la salle en conquistador, m'attendant à trouver une terre promise vide de quasiment toute présence humaine. Et, oh, quelle ne fut pas ma surprise en constatant qu'elle était presque pleine. Après une quinzaine de jours en salle, le machin a encore du répondant dis donc.
Devant les dernières pubs, je réfléchis vite fait sur la situation. C'est vrai qu'entre Divergente et le troisième volet d'Hunger Games, y a eu un petit trou dans lequel Le Labyrinthe s'est glissé, en scred, histoire de contenter notre quota de films pour pré-pubères adaptés de best-seller dont on a jamais vu le quart de couverture.


Lorsque le compte à rebours commence, j'ai un peu peur.
Et si ce film était aussi médiocre que Divergente ? Aussi plat et vain qu'Hunger Games ?
Est-ce que je vais regretter ma place ? Est-ce que Keanu Reeves me pardonnera un jour ?


Le film débute, dès les dix premières minutes la moitié du casting me revient pas, et l'autre moitié me donne des envies de meurtre. Pas de problèmes, je peux faire avec, j'ai l'habitude. Zen. Pas de cerveau. Tranquille.


On a droit à une exposition classique et convenue, un peu chiante sur les bords quand on se rend compte de la stupidité des protagonistes.
"Tu n'es pas comme nous Thomas; tu es curieux"
Ah ouais les mecs, c'est sûr qu'à votre place des questions je ne m'en poserai aucune. Et surtout, je ne les poserai pas aux autres à quand bien même j'en aurais ; bravo Morray.


On a aussi droit au magnifique cliché des films pour adolescents: le découpage en castes sociales.
Je l'avais vu venir gros comme une maison ça, dès la phrase de l'autre "On dirait un coureur" ou je ne sais quoi.
Et boum, ça arrive bien évidemment. Ils me l'ont fait à la Divergente les salopards.
T'as les coureurs, comme dans tous les trucs d'ados, les mecs cools, trop dark, qui font des trucs dangereux et tout, et auxquels bien sûr le héros voudra adhérer.
T'as les bâtisseurs, ou les gros connards, des tas de muscles sans cervelle comme nous le fait si bien comprendre un des personnages.
T'as les trancheurs. Eux, on sait pas trop ce qu'ils font. A mon humbles avis, ils tranchent. J'ai mes sources.
Et après, soit t'as plus rien, soit on s'en branle, c'est que des personnages secondaires après tout.
Maintenant mesdames et messieurs, retenez bien ces groupes sociaux parce que ... ils ne seront plus jamais mentionnés dans le film, à part les coureurs. Wow, ça c'est puissant, j'en ai déjà le cerveau retourné.
Je suppose que quand on s'adresse à nos pré-pubères, il faut bien leur montrer des groupes distincts auxquels ils puissent s'identifier, quitte à ce que ça ne serve absolument à rien. Quoi de mieux que d'encourager le découpage en catégories sociales, histoire que les ados perdent encore plus de leur personnalité pour s'intégrer dans des groupes caricaturaux au possible. Oh wait, ils n'ont pas attendu ce film. Boarf, l'adolescence c'est qu'un passage t'façon. On s'en contrebranle.


Bref. Bien sûr ça part en couille, bien sûr le héros nous sort tout l'attirail de la fête du slip des incohérences qui lui valent la vie sauve ( sans déconner, la course-poursuite entre lui et un monstre me rappelle furieusement un passage avec des nains et un dragon sous une montagne ), bien sûr on a de la trahison, de la bromance, des passage inspirés sur l'amitié, la liberté, l'avenir, la confiance en soi, les caca papillons et autres discours totalement futiles et banals. Heureusement, bon point, on a pas d'histoire d'amour gnangnan.


Les personnages restent stupides ( la bonne idée de se planquer dans des huttes en petit bois face à des araignées mécaniques, entre autre ) et plats au possible, impossible d'en empathiser un seul, c'est de l'art à ce niveau de raté. Le cadrage et le travail de caméra, c'est du standard au possible, avec parfois un sursaut de shakycam pour te faire croire à de l'intensité, et accessoirement te faire vomir un repas. La musique, c'est du sous zimmer avec un peu de poin poin et un peu de piano. Le scénario, c'est vide, prévisible et dénué d'intérêt.


Mais pour moi, ce qui fait le sel du film, c'est sa fin magistrale, à partir du moment où ils essayent de s'échapper tous ensemble.
"On va sortir, ou on va mourir en essayant, lol"
Galby, ou Gabi, ou Gally, pour ce que ça me chante, bref, celui avec la sale gueule de méchant, fait son con con dans son coin coin et décide de rester en position foetale dans sa clairière avec ses amis les personnages secondaire musclés dont on se tamponne totalement.
Thomas et ses copains partent, et avec le pouvoir de l'amitié, des bâtons pointus et des cris d'adolescents courageux, parviennent à entrer dans la sortie. Et là, c'est du grand-art.
Oh mince, tout le monde il est mort dans le laboratoire dis donc. Allez, bam activation d'une vidéo random de la vieille qui blablate.
"Hey les gars, z'en faites pas c'était un test, tu vois, ici c'est l'apocalypse, t'as le soleil qui fait fondre la terre et en même temps t'as un putain de virus zombie mon gars, donc okay vous êtes sortis c'est cool, mais ça commence maintenant l'enjaillement total. Allez, walla bilay frère, Wicked c'est le bien, pour que t'oublie pas je vais me tirer une balle en pleine visio-conférence. Hasta la vista mon sosse"
Bien sûr là tout le monde il est interloqué, et pendant ce temps, par le pouvoir des trous de vers spatio-temporels et des trous de scénario tout court, t'as Gally le méchant moche qui vient de se téléporter dans la même salle que les gentils dis donc. Alors que le film a bien insisté sur la porte qui se fermait derrière les héros. Et que, à quand bien même il ait essayé de passer par une autre section, il aurait jamais pu de un y arriver, de deux battre plusieurs monstre, de trois connaître le code. Non, non, il n'y a pas d'explication logique, t'es cramé mec.
Bref, Gally, il est véner tu vois, il est virusso zombifié, et même si ses potes les musclés on sait pas trop ce qu'ils sont devenus, c'est pas grave, Gally Zombie il a un gun.
On zappe le dialogue de merde.
Gally il meurt, et il emporte avec lui le petit gros, Chucky ou chepaquoi, la mascotte du bloc. Le sidekick victime habituel qui se sacrifie pour le héros, histoire de te montrer que même si t'es une pauvre merde dans la vie, tu peux toujours faire un truc bien, genre tout donner pour un mec mieux que toi.
Déjà que le mentor black est mort avec son dernier regard et son dernier ordre cliché au héros, v'là le petit gros qui clamse, tu sens qu'on touche à la conclusion.
On a droit à une magnifique scène de pleurs, de tristesse et d'émotion tout à fait risible de la part du héros, surtout quand on a aucune empathie pour les personnages stéréotypés.



  • Dans la salle de ciné, c'est le grand silence, mis à part un groupe d'adolescentes qui parlent super fort de chichas et de plan cul, des gens leur gueulent dessus depuis les rangées du haut, moi ça me fait rire et me donne un prétexte pour détourner les yeux du spectacle gênant qui s'étale sur l'écran.*


Personne ne se pose de questions sur le pourquoi du comment des militaires viennent les choper et les sécuriser, les gosses sont pas plus troublés que ça alors que sur les enregistrements vidéos c'est exactement les mêmes glandus dans les mêmes costumes qui tuent tout le monde.
Ils montent dans un hélico, et là panoramique, musique de sous zimmer, poin poin, le labyrinthe vu d'en haut.
Attends.
Wait.
Tu vas me dire qu'il y a une putain de ville construite sur les murs du labyrinthe ? Un truc gigantesque comme ça ?
Alors que tout le film on voit le haut des murs et qu'il n'y a rien ? Alors que le bruit généré par un truc pareil devrait être énorme ? Alors que le labyrinthe bouge ? Alors que dans la vidéo de la vieille elle dit que tout le monde n'est pas d'accord avec l’expérience, pourtant tout le monde la laisse se poursuivre tranquillement sous leurs balcons, rien à foutre ? Les héros ne sont pas choqués le moins du monde. Ne se posent pas de questions. Bande de sombres connards.
Et après, twist, la vieille a fake sa mort et se relève, mouahaha maintenant on peut passer à la phase 2 du test, vieux climax dégueulasse, the end.
Et là, la salle applaudit. Oui, les gens applaudissent. Juste, quoi ? A la rigueur tu peux apprécier je comprends, moi j'ai pas pu mais je t'en veux pas, les gouts et les couleurs, toussa toussa. Mais applaudit pas ça sans déconner. Ça c'est juste un énième film pour éduquer les teenagers à apprécier la médiocrité du cinéma d'aujourd'hui.
Déconne pas public, fais moi pas ça. Horns sans être transcendant était vachement mieux, personne ne l'a applaudit pour autant.


Je me relève, je remonte le col de ma veste, j'ai les nerfs, mon cerveau a pété une durite.
Je rentre chez moi en pilote automatique, encore remué par cette expérience de mort cérébrale.
Et dire que j'irai voir Hunger Games 3, parfois j'ai envie de me mettre des baffes.

Swzn
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le 31 oct. 2014

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