Un film dont les deux têtes d’affiche sont James Stewart et Carole Lombard ne peut manquer de m’attirer. J’avais donc un espoir certain en entamant « Made for Each Other » de 1939, réalisé par un certain John Cromwell et produit par David O. Selznick (l’homme derrière « Gone with the Wind »).


À New York, le jeune avocat John H. Mason revient d’un voyage d’affaire, une épouse au bras. Travailleur et motivé, décidé à grimper les échelons dans sa firme, Mason est un homme discret et effacé, qui ne sait pas tenir tête à son patron. Il s’installe avec sa femme, Jane – quelle originalité – dans un petit appartement, emménageant avec madame Mason, sa mère, une femme un peu acariâtre et qui désapprouve leur mariage rapide.


À l’époque, le film fut vendu comme ‘une romance’ entre James Stewart et Carole Lombard, les producteurs craignaient en effet qu’un film ‘de mariage’ n’attire pas les spectateurs. Car il n’y a nulle romance ici, les personnages commencent mariés, et le film explore uniquement les hauts et les bas de la vie de couple et des jeunes mariés.


L’on assiste donc, aux difficultés croissantes du couple. Il y a d’ailleurs un petit côté ‘livre de Job’ à cette histoire, devant l’accumulation d’ennuis auquel les personnages font face. Dépression économique, gel des salaires, promotion accordée au rival, naissance du bébé, etc. Bon, après, ils sont quand même difficiles à plaindre, tant leurs soucis paraissent ridicules (ils sont tout de même aisés).


Il faut bien admettre que, globalement, c’est très ennuyeux.
Il ne se passe pas grand-chose, il est très difficile de s’intéresser à l’histoire, qui n’est pas du tout passionnante, il n’y a pas spécialement d’humour ou d’intrigue intéressante, et au final, c’est même assez long malgré la durée réduite du film.


J’ai une affection immense pour James Stewart, et son rôle ici est celui de son personnage de prédilection, l’homme de la rue qui cherche l’élévation sociale – il ne sort donc pas de sa zone de confort. J’ai découvert Carole Lombard dans ce film, et je dois bien reconnaître qu’elle est très jolie. Son rôle ici n’est pas marquant.


Après, il y a quelques personnages secondaires plutôt sympathiques. La belle-mère, par exemple, interprétée par Lucile Watson, est assez détestable. J’allais aussi mentionner le patron de James Stewart, joué par Charles Coburn, mais je me suis souvenu à l’instant de la déplaisante idée des scénaristes qui consiste à en faire un malentendant, ce qui occasionne un ‘running-gag’ de cornet acoustique et de personnages qui se répètent en beuglant particulièrement pénible.


J’en viens au final, où tout se teinte d’un ton mélodramatique qui tranche complètement avec le reste du film. Cela sort un peu de nulle part, c’est prodigieusement long, mais au moins il se passe quelque chose (même si ça reste assez peu flamboyant et très moyen).


« Made for Each Other » est donc un film de mariage, mais qui, à la différence des films de ce genre de l’ère muette, où Cecil B. DeMille avait mis en place des codes auxquels chaque film obéissait plus ou moins, nous présente la vie dans toute sa banalité d’un couple d’américains banal. En effet, les personnages, un John et une Jane Doe (grande subtilité dans le choix des prénoms), peuvent être n’importe qui : ils sont d’un milieu social moyen et vivent une vie moyenne. Le souci de se contenter de cette banalité, c’est qu’au final, cela donne une histoire qui présente un intérêt tout limité.

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le 26 mai 2015

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Aramis

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