Ce film post-apocalyptique est une réussite complète. La réalisation est excellente, créant une ambiance qui, par ses couleurs froides et son esthétique désaturée, met en évidence la stérilité et le désespoir d'un monde revenu à la loi du plus fort. L'intérêt principal du Livre d'Élie réside dans sa puissance philosophique. Il ne s'agit pas seulement d'une quête religieuse, mais d'une réflexion fascinante sur le pouvoir du langage et de la connaissance. La fascination de Carnegie (Gary Oldman) pour le livre est purement politique : il cherche un manuel de direction et de légitimité pour établir une dictature durable. L'intégralité d'un texte fondateur devient l'outil rhétorique suprême.
Le film pose ainsi une question essentielle : un texte sacré n'est-il pas, avant tout, une source de puissance lexicale ? L'idée qu'un livre censé représenter le bien puisse être détourné pour le mal souligne que c'est l'intention de celui qui le détient qui fait la différence. Cette ambiguïté intentionnelle en fait une œuvre passionnante.
Conclusion : Par son esthétique et son scénario, ce film est une œuvre d'action intelligente qui parvient à interroger le rôle des textes fondateurs. Il réussit à être à la fois un road movie captivant et une critique pertinente de l'instrumentalisation du savoir.