Il en faut peut-être un peu plus pour être heureux...

Pourquoi faut-il toujours que Disney adapte en film tous ses classiques ? Tout simplement parce qu'il y aura toujours un public pour les regarder. Et si ces adaptations se succèdent au cinéma, c'est parce qu'avec les outils technologiques actuels et son budget quasi-illimité (pour caricaturer à peine), Disney est capable de produire des œuvres visuellement magnifiques. Mais ça ne suffit pas pour en faire un bon film (un peu de profondeur est plus que souhaitable).

Alors qu'en est-il du Livre de la Jungle ? Jon Favreau nous offre une relecture moderne du classique Disney vieux de 50 ans, le gros point fort de l'oeuvre étant bien entendu l'aspect visuel bluffant. Les animaux tout comme la jungle dans laquelle ils évoluent sont splendides. Au point de sembler réels? Tout de même pas. On voit que ce ne sont ni de vrais animaux, ni de vrais décors, mais toute cette jungle reste convaincante et nous plonge dans un univers riche et coloré, peuplé de bêtes laissant transparaître une authentique humanité. Ces personnages qui vivent en société, respectant des règles précises, sont tous porteurs de valeurs différentes.

Deux mots sur l'intrigue (très semblable au dessin animé d'origine): Mowgli est un enfant humain élevé par des loups dans une jungle peuplée d'animaux parlants. Malgré quelques soucis d'intégration (l'aspect "qu'importe la différence" n'est que très peu traité ici), le jeune Mowgli vit heureux avec les loups. Il va être poussé à quitter cette espace familier pour fuir Shere Khan, un tigre féroce n'acceptant pas la présence du petit d'homme dans la jungle. Mowgli va donc s'engager dans un périple au cours duquel l'enfant va prendre conscience, au gré des rencontres, des responsabilités qu'implique son humanité.

Les personnages qu'il va rencontrer sont exactement les mêmes que ceux du dessin animé, on retrouve Baloo l'ours paresseux, Bagheera la sage panthère, le simiesque roi Louie, Kaa l'hypnotique serpent... Les conflits entre les personnages ne sont qu'une question d'opinion, chacun défendant sa vision de la jungle. Les loups suivent un concept de règles garantissant une cohésion au sein de la meute, tandis que Baloo n'agit que pour son profit personnel. Le Roi Louie quant à lui voudrait être humain, et il considère que le feu lui permettrait de dominer la jungle. Shere Khan est montré comme le "méchant" du film, mais ses actions sont justifiées par sa volonté de vengeance envers Mowgli, qui symbolise à ses yeux l'espèce humaine.

Les chansons constituaient un point fort de l'oeuvre originale. Il n'aurait cependant pas été judicieux de toutes les reprendre, le support n'étant pas le même. Au final, on retrouve deux des meilleures, à savoir l'inévitable "Il en faut peu pour être heureux" et la plaisante "Je voudrais être comme vous" (D'ailleurs interprétée par Eddy Mitchell en VF).

Le film reste parfois prévisible mais il faut garder à l'esprit qu'il est destiné à la jeunesse - sans pour autant écarter le public plus âgé. Le Livre de la jungle tente également de transmettre aux enfants une morale intéressante sur le rapport entre l'Homme et la nature.

En somme un bon divertissement familial sans grande originalité, mais qui a le mérite de réactualiser un conte intemporel de par ses effets visuels travaillés et son traitement très humain des relations entre les animaux. Andy Serkis aura peut être quelque chose de plus original à offrir dans sa version prévu pour 2017, affaire à suivre...