Le loup et l'agneau, le cowboy et le dandy, Ford et Hitchcock : cinéastes diamétralement opposés et pourtant réunis sous la bannière des plus grands maîtres de l'histoire du cinéma. L'espace de quelques jours, Labarthe les rencontre, les interviewe, et en fait même un film.
Gros défaut : le schéma linéaire, tant dans les questions que dans le montage, en font un objet filmique plus proche du reportage que du documentaire. Il aurait été intéressant, dans la mesure du possible, de croiser les interviews, interroger chaque cinéaste sur un point précis et confronter leurs réponses. Il n'en sera jamais rien : les deux interviews sont radicalement opposées, dans la forme et sur le fond.
Le hic, c'est que la meilleure partie n'est pas celle que l'on croit, et pas pour les bonnes raisons : John Ford, le bougon, décide de s'amuser et joue avec l'équipe et surtout Labarthe. Extrait choisi :
- Quel était votre objectif quand vous réalisiez vos premiers films ?
- Le chèque que j'allais toucher pour les faire.
Etc. Ford n'aimait pas les interviews, mais il dévoile ici une facette espiègle qui éclaire bon nombre de séquences à l'humour noir ou cynique dans ses films. En ne dévoilant rien de son art mais en ne cachant pas sa propre personnalité, Ford donne peut-être une belle leçon de cinéma quant à la sincérité d'un réalisateur envers son propre travail. Parallèlement à cela, Hitchcock joue les professeurs, comme il le fera si bien dans le livre de Truffaut. Rien de neuf donc, et forcément un léger goût de trop peu.
Un documentaire sympathique, pas inoubliable mais pas négligeable pour autant, disons juste passable pour qui n'est pas un immense fan de ces deux pointures du septième art.