---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au sixième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Beauty_of_the_Beast/1620017#page-1/
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Et nous y voici, l'entrée fracassante du loup-garou dans les années 80. J'avais choisi ce film un peu arbitrairement, étant donné que je n'avais pas moins de 3 films datant de la même année dans mon programme. Si le plus mythique est certainement le *Hurlements* de Joe Dante, qui attendra donc encore une paire de jours avant que je le visionne, celui de ce soir n'était cependant pas en reste. Avec John Landis aux commandes, resté célèbre pour le clip de *Thriller*, et l'invention de l'Oscar des meilleurs maquillage expressément pour ce film, j'avais de quoi m'attendre à une petite révolution. Non pas que je n'étais pas parfaitement séduite par les transformations au fondu enchaîné et les loups-garous-ours-en-peluche, mais un petit peu de changement allait me faire du bien, et flatter mon ego de lycanthrope meurtri par tant d'insulte au physique de son espèce. Entre le film d'hier qui, malgré sa médiocrité, m'avait redonné une confiance inébranlable en ma démarche et ma personne ; et ces quelques pré-requis sur le film de ce soir, c'est avec une motivation renouvelée que j'entamais *Le Loup-garou de Londres*. 
Et ça n'a pas manqué, le film m'a laissée scotchée, un sourire canin étiré jusqu'aux oreilles, et mon petit fessier humain remuant en rythme sur le générique de fin. Si le film m'a un peu fait penser à *Fright Night* (j'ai abandonné le titre français beaucoup trop long et stupide de ce film), qui serait un peu son pendant coté vampire, je pense que *Le Loup-garou de Londres* est beaucoup plus réussi. On se situe ici à l'entrée des années 80, et cette période faste en ringardise n'est donc pas à son apogée. On a donc des coupes de cheveux honorables et des vêtements suffisamment classiques pour ne pas être complètement éjecté du film pendant toute la première demi-heure. On ne garde que le bon de cette décennie : une bande-son très travaillée et absolument entraînante, un ton décalé, une histoire d'amour entre la grandiloquence et la fougue de la jeunesse, quelques sidekick rigolos et le reste des personnages jouissant d'une liberté incroyable. Le tout crée un film formidable, dense, avec quelques éclairs de génie et une globalité plus que satisfaisante.
Il faut que je revienne sur une chose en particulier : la scène de métamorphose. Alors évacuons le plus gros problème d'entrée de jeu : c'est vraiment dommage de faire muter son visage aussi tard dans la scène, car pendant toute la deuxième moitié le personnage ressemble plus à un chanteur de glam-rock qu'à un loup-garou en train de subir sa première transformation. Pour le reste : waw... Je n'aurais jamais pensé que cette musique se marie aussi bien avec la souffrance du personnage et l'étonnement extrême du spectateur face à ce qu'il est en train de voir. Est-ce qu'un génie dans l'équipe de post-production à eu cette idée, ou est-ce qu'un branleur avait laissé son walkman allumé pendant le montage de la scène et aura donné cette idée lumineuse aux créateurs, ça restera un mystère, mais le résultat est là, et il est saisissant. Deuxième chose que j'ai suggéré plus haut : enfin une mutation qui essaye d'aller un peu plus loin avec les effets spéciaux ! Alors certes j'ai fait un bond dans le temps, et il est certain qu'entre mon premier film du milieu des années 30 et celui ci à l'embouchure des années 80, les concepteurs ont eu le temps de se pencher sur le problème et d'apporter des réponses à la fois en effets de maquillage et en effets spéciaux de post-production. Ce n'est pas parfait, mais c'est tellement plaisant d'avoir quelque chose qui marche presque parfaitement qu'on oublie les quelques détails boiteux. Surtout : si cette transformation fonctionne aussi bien, c'est parce qu'on arrive à une créature finale qui est un vrai loup-garou. J'ai hésité à écrire « presque », parce qu'effectivement, ce n'est pas encore parfaitement ça, mais on est si proche du résultat que ce "presque" aurait été réducteur. La bestiole marche sur 4 pattes. Elle a des yeux jaunes injectés de sang. Son visage est oblong, avec un museau prononcé. Bref, c'est un homme, avec une forme de loup. Et c'est ça, un vrai loup-garou. Par ailleurs, et presque contradictoirement, j'ai également adoré le fait que la mise en scène n'abuse pas de la perfection de sa créature. En effet, le premier instinct aurait été de filmer la bestiole sous toutes ses coutures, pendant une longue séquence de chasse ou que sais-je, avec des petits travelling gracieux qui auraient dit « regarder notre bestiole comme elle est belle... Elle est belle hein ? Vous aller devoir nous donner un oscar. Parce que notre créature elle est belle... » Et ça aurait été plaisant pour l'équipe du film et le cinéphile aguerrit, mais ça aurait brisé la dynamique du scénario. Au contraire, Landis et son équipe ont l'intelligence de nous montrer le loup par fragments, par flash, comme une apparition dont on ne sait plus trop si on l'a rêvé ou bel et bien vu, un peu à l'image des rêves qui n'en sont pas vraiment que fait le personnage. En alternant la chasse avec des scènes plus courante sur la petite amie du personnage, le montage crée un effet de suspens assez jouissif, et une tension très réussie.

Je ne suis pas vraiment sure que le fait de mettre en plus du loup-garou une poignée de morts-vivants ai permit à Landis autre chose que de décrocher un contrat avec Michael Jackson, et finalement c'est déjà pas mal. La fin reste assez ambiguë, avec ce coté happy-end hollywoodien du « je t'aime » pré-mortem déchirant, et l'incertitude quant aux intention du lycan et de ce qu'il aura compris du discours de la jeune femme.
Ma moitié loup-garou aura apprécié la douleur du personnage lors de sa première transformation, tellement juste qu'on se pose des questions quant à la nature du scénariste. Il y a une explication au fait que le loup-garou initial ai juste blessé sa victime, et ne l'ai pas complètement dévoré, ce qui est un plaisir en demi-teinte, puisqu'il y a bien un explication, mais à un moyen de propagation qui reste extrêmement rare. Faire trinquer le type avec un loup-garou, au Mouton Écorché par exemple, aurait été beaucoup plus simple et beaucoup plus plaisant pour mon ego de loup un peu exigent. Ou lui faire manger du loup. Ou lui faire manger de l'humain. D'ailleurs je n'y pense que maintenant, mais le fait que la taverne en question ne serve pas à manger, ou le fait que l'habitué refuse de trinquer avec le docteur qui enquête, sont-ce des coïncidence, ou Landis joue-t-il avec la légende à ce moment là ?
Parce que cette taverne, elle est loin d'être anodine. Elle est l'une des premières références du film. Car ça y est, le mythe du loup-garou a pris assez d'ampleur au cinéma pour qu'on s’amuse à le référencer. Comparativement aux vampires c'est assez tard, puisqu'eux avaient eu le droit à leur premiers clin d’œil à des films antérieurs dès les années 60, avec la visite de Polanski. Mais si la Hammer n'avait pas boudé mon espèce de la sorte, peut être aurions nous pu faire aussi bien. Quoi qu'il en soit il n'est jamais trop tard, et Le Loup-garou de Londres rattrape le temps perdu. Entre cette taverne donc, référence marquée que ce soit au niveau des décors ou de l'ambiance à celle du film, justement, de la Hammer, et les références directement orales au film Universal Monsters, on se dispute entre le caméo rigolo et le réel enjeu scénaristique : comme le reprendra Fright Night quelques années plus tard avec les buveurs de sang, les films antérieurs deviennent membres de la fiction, et c'est sur eux plutôt que sur de vieilles légendes populaires qu'on s'appui pour trouver la solution au problème. Tout en créant des choses nouvelles -les morts qui ne peuvent pas aller en paix tant que la malédiction continue par exemple, fantaisies auxquelles on accrochera ou pas, ce film se présente comme un pilier du genre, révolutionnaire à son échelle, et annonciateur d'une période faste et délicieuse.

Zalya
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le 15 nov. 2017

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Zalya

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