Don Bluth, grand nom de l’animation dont vous connaissez obligatoirement certains de ses long-métrages. Brisby et le secret de NIMH, Fievel et le nouveau monde ou encore Anastasia. Cependant, Don Bluth n’a pas eu que des films magnifiques qu’on a tous retenu mais également quelques long-métrages qu’on a fini par oublier (et à juste titre). Aujourd’hui, c’est un de cela dont nous allons parler. Réalisé en compagnie de Gary Goldman, est-ce que ce long-métrage s’en sort ? En vérité, ce n’est pas si horrible mais c’est assez niais et ça a pas mal de problèmes malgré quelques bons points qu’on ne peut pas retirer.
Positif
- Stanley (Guy Nadon) est un lutin qui s’est retrouvé expulsé de son monde car il était trop différent, notamment avec son don de nature et de verdure qui répugne tous les autres trolls. Arrivés à Central Park, il tente de créer son petit chez lui afin de bien y vivre mais le monde humain a aussi ses mauvais cotés. En vrai, il se tient pour un protagoniste. Par sa différence aux autres, certains s’identifieront à lui et on s’attache à lui pour sa personnalité (enfin, quand on est enfant car il peut énerver quelques adultes). Enfin, c’est un protagoniste qui se tient ici avec ses rêves.
- Rosie (Johanne Garneau) est une petite fille qui rencontre Stanley par hasard. Elle est plutôt mignonne tout en agissant comme un bébé le ferait réellement. Rien à dire sur elle en dehors du fait qu’elle est chou.
- Son grand-frère (Martin Pensa) est un garçon qui aimerait passer du temps avec son père malgré que celui-ci soit débordé par le travail. Il a beau désobéir et avoir quelques moments de violence voulu, on le comprend. De plus, ça sert à le faire évoluer pour le rendre plus attachant.
- Si il y a des messages à retenir pour les enfants, il y aurait peut-être les bienfaits de la nature mais ce n’est pas ce qu’on retiendra le plus. On peut aussi y voir des messages comme affronter ses peurs et se battre pour réaliser ses rêves, et ça, ce sont des bien meilleurs messages à retenir dans le sous-texte de ce long-métrage. Egalement qu'être différent ne fait pas de toi quelqu'un de mauvais mais avec d'autres capacités.
- Ici, on a deux personnages qui évoluent, Stanley et le grand-frère de Rosie. L’un rêve d’un monde où les Trolls l’accepteraient pour sa différence malgré qu’il soit facilement effrayé, l’autre manque d’attention de son père et le compense par une certaine colère intérieure personnelle mais en gardant son bon fond. En tout cas, ça apporte deux évolutions assez intéressantes à suivre ici.
- Question animation, ça reste beau pour 1993. C’est bien dessiné dans un certain style tout en restant fluide dans les mouvements et impressionnant. Alors oui, on a Aladdin la même année chez Disney qui fera plus beau mais ça reste une belle animation pour ce que ça propose.
- La relation entre Stanley et les enfants évolue d’une manière intéressante. Entre Rosie qui est l’innocence pure et son grand-frère qui est un peu mauvais malgré son bon fond et qu’il souffre du manque affectif de son père, ça créait une relation intéressante entre eux et Stanley.
- Le symbolisme a des éléments intéressants. Stanley avec son pouvoir et sa différence, le père de Rosie pour son frère, la méchanceté de celui-ci, la cruauté de la reine pour elle et sa nature… Les éléments de symbolisme sont réellement intéressants pour ce que ça propose.
- Le long-métrage démarre par Stanley qui se cache avec son pouvoir de verdure et ses plantes jusqu’à ce qu’il se fasse attrapé et punir par la Reine. C’est une introduction pas trop mal pour montrer sa différence et nous donner envie de savoir comment il va s’en sortir.
- Les musiques sont très réussies. Autant les chansons ne sont pas marquantes, autant les musiques instrumentales s’en sortent réellement à merveille pour ce qu’elles proposent tout en racontant ce qui se passe à l’image.
- La mise en scène est toujours aussi maîtrisée. On sent qu’elle a été travaillée comme il se doit sur la majorité des plans du long-métrage. Bon, on aurait pu avoir un tout petit mieux mais ça reste une bonne mise en scène.
- Il est vrai qu’on arrive à être surpris par certains évènements lors du premier visionnage. Sans chercher à comprendre ce qui va se passer, le long-métrage arrive réellement à surprendre par ce qu’il propose.
- Le final est pas mal. Un peu critiquable sur un certain aspect mais ça reste une bonne fin après tout ce qui s’est passé pour Stanley et les enfants, comme si cette fin était celle qu’ils méritaient.
- En terme de décors, ça s’en sort bien. Le royaume des trolls, New-York et le monde que créait Stanley avec sa nature offre des décors de bonne qualité qui restera un peu dans nos mémoires.
Négatif
- La reine Gnorga (Anne Caron) est l’antagoniste principale du long-métrage. Il s’agit de la reine du royaume des Trolls qui règne par cruauté et punition juste pour son bon plaisir. Franchement, c’est dommage de se limiter à ça pour elle. Même en terme de prestance, elle a un bon chara-design mais ce n’est clairement pas une antagoniste qui restera dans nos têtes.
- Llort (Sébastien Dhavernas), son mari, est un bouffon qui la suit et la soutient malgré qu’il ait encore un petit sens moral. Rien à dire sur lui à part qu’il essaye d’être drôle par sa bouffonnerie et ça ne marche pas forcément.
Vous l’aurez compris, les antagonistes ne volent pas très haut dans ce long-métrage et ça se ressent très vite.
- Sachant que ce long-métrage ne possède qu’une version québécoise pour la VF, nous ferons avec. Certains s’en sortent correctement comme Anne Caron en reine Gnorga qui double assez bien son personnage ou encore Sébastien Dhavernas en Llort. Cependant, le reste du casting a un peu plus de mal. Guy Nadon fait de son mieux mais il est moyennement convaincant en Stanley, sans parler des enfants… Ils ont essayé mais la VF est loin d’être qualitative sur ce film.
- Comment appelle t-on un homme qui ne voit pas des pieds et une grosse forme au milieu de sa salade et pique quand même dedans pour la manger ? Un imbécile ou une incohérence ? C’est léger mais ça reste une incohérence, même pour un dessin-animé à destination des enfants.
- Les chansons sont assez oubliables. Assez génériques et malgré un air un peu entraînant sur certaines comme La vie en vert, elles s’oublieront vite. Et on ne va pas parler des paroles assez génériques de chacune d’entre elles.
- En plus du souci de la VF, on a aussi un souci de synchro labiale. Parfois, les personnages parlent mais le son de la voix démarre après que ça ait bougé. C’est un exercice difficile mais ça reste une synchro labiale critiquable ici.
- Parlons un peu de l’humour de ce dessin-animé, c’est surtout lié à Llort et ses bouffonneries et ce n’est pas très drôle. Ce n’est qu’un détail mais l’humour voulu pour ce long-métrage ne fonctionne pas forcément.
- Pendant le combat entre Stanley et Gnorga, comment le gamin a fait pour repasser devant elle alors qu’il était derrière elle pendant leur petit combat de pouvoir ? C’est un détail mais c’est un faux-raccord.
- Question émotion, ils essayent mais malgré les superbes musiques, ça ne suffit pas pour nous procurer assez d’émotion. Vraiment, ce long-métrage n’a pas réussi à réellement nous apporter de l’émotion.
- Question tension, malgré une ou deux situations un peu grave, ce n’est pas une tension qui fait réellement effet. A aucun moment, on est réellement impacté par ce qui pourrait arriver à nos personnages.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Ils nous font le coup de Stanley qu’on croit mort. En fait, Stanley se fait toucher par le pouvoir de la reine (qui contrôle le grand-frère changé en troll) et celui-ci se retrouve pétrifié. Le lendemain, ils vont au parc avec leur parents, reposent Stanley et le grand-frère acquiert son pouvoir (comment ? On l’ignore) et il rend la vie à Stanley qui transforme New-York en verdure avec sa chanson. Bon, au moins Poison Ivy serait heureuse de se rendre dans cette ville dans ces circonstances.
Petite question de cohérence, comment Stanley a pu faire grandir le bateau avec son pouvoir alors que ça ne sert que pour la nature ? A la limite, on peut imaginer qu’il les emmène dans sa tête avec la chanson d’après pour les faire rêver, ça a du sens comme ça. Sinon, les voiles en feuilles sont valables mais l’agrandissement du bateau non.
Au final, Le lutin magique n’est pas un mauvais film d’animation de Don Bluth mais il est assurément un des plus oubliables. Malgré quelques qualités, ça ne suffit pas pour en faire un aussi bon film que d’autres de sa filmographie. On a une belle animation, des belles musiques, des beaux décors et quelques bons messages avec des bons personnages. Mais bon, les antagonistes ne sont pas intéressants, les chansons sont un peu plates, ça manque d’émotion et on voit quelques incohérences en faisant attention. Bref, le film est correct et se regarde peut-être une fois pour ce qu’il est mais ce n’est pas un long-métrage qu’on aura forcément envie de revoir contrairement à d’autres de la filmographie de Don Bluth.