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On en a dit beaucoup sur Le Magicien d’Oz, la plupart le considérant comme un classique du film pour enfants, d’aucuns comme une allégorie politique américaine de la fin du XIXe (que je m’abstiendrai bien de juger, n’en ayant qu’une connaissance très superficielle et ayant vu dans ce film tout autre chose). Quatre-vingts ans après, alors que je le découvre pour la première fois, l’émerveillement est là.


Émerveillement pour la technique, tout d’abord, pour ces effets spéciaux magnifiques et incroyables pour l’époque, pour cette idée brillante du passage du sépia au technicolor, et au sépia à nouveau. Pour ces couleurs qui vous ravissent la rétine, qui vous transportent dans cet univers, et qu’importent les décors peints assez grossiers qu’on devine le long de la route de briques jaunes, symbole du conte initiatique dans lequel est plongée notre Dorothy.


Émerveillement pour Judy Garland, pour l’assurance époustouflante de l’actrice, 16 ans au moment du tournage, pour l’ingénuité attendrissante du personnage, qui nous donne envie d’écouter son Over the Raimbow encore et encore. Émerveillement pour la musique, pour la maîtrise de Fleming, pour le fond derrière le conte : la quête spirituelle, et la métaphore de Dieu dans ce Magicien


(dès la tornade, j’ai d’ailleurs cru que Dorothy était morte, d’où ma surprise à la fin.)


Métaphore à laquelle le film, d’ailleurs, se garde bien d’apporter une réponse : si le Magicien d’Oz est


un charlatan, nos quatre héros repartent avec ce qu’ils étaient venus chercher.


C’est là la morale volontairement ambiguë du film. Dorothy croit en ses rêves, mais semble se ranger. C’est Candide et la philosophie du jardin all over again. C’est le seul reproche que je fais au film : nous pousser vers une interprétation limpide et un peu rétrograde dans les deux dernières minutes, malgré l’émerveillement de la première heure quarante. There’s no place like home.

Quentin_Boussar
8
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le 13 avr. 2020

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