hjhxhvxkvihioixnoin (ma réaction après la scène finale et en ressassant le film durant mon trajet en métro)


bah c'est incroyable, moi qui suis très client de la lenteur, des cinéastes qui prennent le temps de montrer les choses, qui ne s'obligent pas à avoir sans cesse de l'intrigue ou des choses qui se passent, j'ai été pris directement dans le film

surtout qu'en l'occurrence ça a un sens. Hamaguchi nous montre la vie très paisible de Takumi et autres villageois, il nous montre la forêt, l'eau, les animaux, la végétation, parce que tout ça va être menacé par le projet de Glamping

passer tout ce temps à nous montrer ces choses-là, permet au réal d'éviter de faire dire plus tard aux villageois comme la nature est belle et qu'il faut la préserver. Pas besoin. On l'a vu. Et c'est bien mieux, c'est plus subtil, c'est même plus profond parce que ça nous l'a fait ressentir, longuement, en détail. Puis bien sûr ça donne de très belles images


et donc par dessus tout ce premier aspect qui me parlait déjà, s'ajoute la très belle musique d'Eiko Ishibashi qui est immédiatement marquant tant elle dénote avec l'atmosphère se dégageant des images. Elle indique immédiatement du drame, dès le début du film, alors que tout va encore bien.

En plus, Hamaguchi s'amuse à jouer avec elle, la faire commencer ou s'arrêter avant ou après des scènes, ou très brutalement en leur milieu. Ca a un côté très ludique, et là ça me permet de faire le lien avec ce que le réal a dit dans les Cahiers du Cinéma :


"L'une de mes grandes influences dans l'utilisation de la musique est Jean-Luc Godard [...] ne pas utiliser la musique pour contrôler les émotions du public, mais pour éveiller sa sensibilité. Cela se fait essentiellement à travers la manière dont la musique intervient dans le montage. Chez Godard, la musique fait évoluer les plans. Si une musique est belle, elle apporte de la beauté aux images, les rend plus poétiques, mais si on la coupe soudain, le son d'ambiance prend immédiatement une autre épaisseur. Nous écoutons la musique et les sons avec les mêmes oreilles, et couper soudainement la musique, ce n'est pas exactement la retirer mais faire que son écoute transforme notre perception des sons d'ambiance ou de nature"


Tout ça se retrouve clairement dans ce film, et c'est super


Puis donc intervient une compagnie qui veut s'apprête à bouleverser tout un écosystème bien tranquille, pour vendre à des citadins une expérience qui les rapproche de la nature, au mépris absolu de la vie et des avis des locaux.

Il y a donc conflit entre compagnie et locaux, mais sans éclats. Les villageois sont résolus mais calmes et polis, et la compagnie maîtrise trop bien la communication pour aller contre eux de front.

On pourrait croire à du mieux avec les 2 médiateurs de la compagnie qui semblent prendre un peu plus la mesure de la vie locale, mais ça reste en superficie, très égocentré. D'ailleurs ils ne remettent pas tellement en question le projet de leur compagnie malgré les critiques qu'ils y font.


et puis il y a cette fin, dramatique comme annoncé par la musique depuis le début, qui arrive si subitement qu'elle en est absurde. puis on peut relire ce qui s'est déroulé avant, ou plutôt ce qui ne s'est pas déroulé (dialogue et considération de l'autre), et elle devient plus logique


ce mélange d'absurdité, de violence et conséquence logique des événements, qui se déroule si subitement, ça retourne vraiment

surtout après un film si calme

il fallait oser, et ça paye parce que ça donne un film subtil, complexe, riche

Zenjjjj
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes gros top films, films vus en 2024 et Les meilleurs films de 2024

Créée

le 12 avr. 2024

Critique lue 73 fois

1 j'aime

Zenjjjj

Écrit par

Critique lue 73 fois

1

D'autres avis sur Le mal n'existe pas

Le mal n'existe pas
Yoshii
9

Le soleil se couche à l'est

悪は存在しない est une ode silencieuse à la nature, un lent poème bercé par une douce musique mêlant en sourdine les cordes d'un violon et celles d'un piano. Une mélodie de la vie sauvage qu'accompagnent...

le 22 avr. 2024

62 j'aime

15

Le mal n'existe pas
Plume231
7

Ne touchez pas la hache !

C'est la première fois (du moins à ma connaissance, en ne se basant que sur le fait que j'ai vu tous ses films que depuis Senses !) que le réalisateur Ryūsuke Hamaguchi ne situe pas principalement...

le 11 avr. 2024

40 j'aime

6

Le mal n'existe pas
Procol-Harum
8

Histoire naturelle avec une grande hache

Pour perdurer, au cinéma, il est essentiel de savoir se réinventer. Et sur ce point, Ryûsuke Hamaguchi semble montrer l’exemple : après avoir déconstruit la solitude féminine et les malheurs du...

le 14 avr. 2024

32 j'aime

3

Du même critique

Le Dernier des Juifs
Zenjjjj
7

chaud de revoir l'acteur principal dans d'autres projets

le film entier tient sur la performance de l'acteur principal qui est excellent, le mec est complètement bizarre, sa voix est marrante, ses mensonges inutiles sont drôles, tout le monde le trouve...

le 5 févr. 2024

5 j'aime

Le Ciel rouge
Zenjjjj
7

c'est sympa d'être détestable

Pendant un bon moment je ne comprenais pas bien l'intérêt de nous montrer un personnage principal aussi peu aimable. Ce Léon est systématiquement infect ou au mieux un peu chiant avec son meilleur...

le 7 sept. 2023

4 j'aime

Killers of the Flower Moon
Zenjjjj
6

Oui, et ?

mais était ce bien nécessaire ?Je ne trouve pas de défaut flagrant au film, mais à peu près rien ne m'a marqué non plus. Tout est fait avec une forme de froideur ou en tout cas de distance, qui fait...

le 23 oct. 2023

3 j'aime