"Le mal n'existe pas", en voici un titre prometteur et plein de mystère. Je ne savais pas à quoi j'allais assister en allant voir le dernier Ryusuke Hamaguchi dont j'avais globalement aimé le dernier Drive my car, même si j'avais trouvé le film un peu longuet par moment. J'étais juste curieux de voir ce qui se cache derrière ce titre et cette magnifique affiche.
Le film s'ouvre sur une succession de plans montrant une nature calme et paisible, et des personnes qui réalisent des actions dans cet environnement, toujours avec un profond respect du milieu et du geste bien réalisé. Tout ça rend les paysages magnifiques. Une puissance mystique émane des plans. Mais ça dure presque 30 minutes. Les beaux plans se succèdent, mais ça ne raconte rien, on ne voit pas très bien où on veut nous emmener et finalement, on commence à s'ennuyer peu à peu.
Puis, le film commence. Une entreprise de camping glamour ("glamping") désire s'implanter dans ce petit village, au grand désarroi des autochtones. On assiste, de manière quasi documentaire, aux présentations du projet, aux réunions d'équipes, aux débats entre marketteux et locaux. Tout ça est très réussi. On comprend que deux visions du monde s'affrontent, et il va être difficile de les concilier. Les plans sont long, on s'attarde sur les gens, cela donne une sensation de réalisme assez appréciable.
Peu à peu, on change de paradigme en suivant de plus en plus les commerciaux. On commence à s'intéresser à eux, à les comprendre davantage. On repasse dans les décors présentés en début de métrage, on comprend pourquoi on nous a montré tout ça. Et toujours, on ressent l'amour des locaux pour cette nature si belle, si calme, si paisible.
Le film se termine sur tout autre chose, mettant beaucoup de symbolisme pour faire passer son message. Il n'y a pas de conclusions toutes faites, c'est au spectateur de se creuser les méninges pour comprendre ce que le réalisateur a voulu dire en concluant son film de la sorte. Cela amène une dimension supplémentaire assez appréciable. J'ai personnellement beaucoup repensé à ce film et à sa fin après ma séance de cinéma (sans forcément trouver une réponse finale à mes questions), ce qui est toujours assez appréciable.
Bref, je recommande d'aller voir ce film très beau qui s'intensifie au fur et à mesure de son récit. Il présente un message écologique (mais peut-être un peu réactionnaire) assumé, nous montre une culture japonaise pleine de pudeur et de respect et nous donne, plus que jamais, des envies de grand air.