Tout comme l'introduction, où l'on ne sait pas jusqu'où ira cette vue en contre plongé montrant des arbres défilés sous un ciel bleu, ce film nous emmène et nous perd tel un rêve abstrait/flou. En effet, au début, on pourrait croire qu'il s'agit d'un thriller avec un père à la recherche de son enfant, mais c'est là que le réal se joue de nos attentes en tuant cette intrigue. Elle reviendra à la toute fin, on est alors à la fois surpris et confus. Durant tout le film Ryusuke Hamaguchi dissimule des indices sur la direction qu'il va prendre, grâce aux nombreuses conversations qui peuvent paraître banales à première vue, il annonce préalablement la scène de fin avec le cerf, il annonce la perte de la petite dès le début en mettant en avant les défauts de mémoire de Takumi. Sans que l'on connaissance encore les enjeux de l'eau, il nous montre son impact dans l'histoire dés le début avec son utilisation dans les ramen. En somme, le film peut paraître décousu, mais dès les première minutes tout était déjà construit pour pouvoir ensuite se permettre de perdre le spectateur et raconter des choses qui sortent du sujet principal étant :

Pourquoi le mal n'existe pas ?

Pourquoi ne vivons-nous pas dans un monde manichéen ? Pour la simple raison que tout est question d'intérêt, le bien comme le mal ne sont justes que des croyances établit par les hommes. Ce n'est pas tant l'entrepreneur ayant perdu son rapport à la nature et à l'être humain au détriment de la richesse et du contrôle qui est foncièrement plus mauvais qu'une restauratrice passionnée par ce qu'elle pourrait cuisiner de local. Les 2 ont des objectifs de vie, bien qu'une autre peut être plus jugée (entrepreneur), ils veulent continuer à vivre dans leur réalité, c'est-à-dire avoir de l'eau propre pour la restauratrice et construire son glamping pour l'entrepreneur. Tout ce qui est en contradiction avec leurs principes sera forcément le mal pour la personne concerné. Le film nous indique tout de même que la voie à suivre, c'est quand on écoute l'autre, son avis, sinon il n'y aura que des désaccords futurs et que vivre sans considérer son prochain, c'est perdre son identité. Ce cas est illustré avec l'ancien manager d'acteur qui une fois arrivé dans le village, se rend compte d'à quel point il est tombé bas dans son code moral, mais encore ici le mal n'est pas objectif, il est propre aux valeurs de cet homme. Finalement, le mal est très subjectif, d'où la raison de cette fin qui met en avant l'innocence de l'enfant, un enfant n'a jamais rien fait de mal, c'est logiquement l'être le plus proche de la bonté, mais c'est lui qui va subir le mal qu'ont fait les autres (s'il existe vraiment encore une fois, car dans le film la chasse est faite pour réguler la natalité des cerfs, mais cela montre une nouvelle fois qu'un intérêt peut engendrer un mal pour un autre, l'autre n'est pas forcement humain). Finalement, le mal fait toujours un effet domino, le mal engendre le mal, la vengeance engendre la vengeance, etc. La bonté ne te protège pas du mal que font les autres, cette fin sans clarification sur la mort de la petite, montre que le réalisateur s'attends à ce qu'on choisisse pour lui. Si elle est morte alors ça sous-entend que le monde ne possède pas de karma, le bien et le mal n'existe pas, tout est question d'intérêt, de cause et conséquence et si elle est encore vivante Ryusuke Hamaguchi prend à revers tout le propos du film en affirmant que le bien triomphe du mal.

kamewon
8
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le 12 mai 2024

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