Le Mans 66 (Ford v Ferrari en VO) de James Mangold nous raconte l’histoire vraie de Caroll Shelby dépêché au milieu des années 60 par Ford afin de briser l’hégémonie de plusieurs années de Ferrari sur le circuit prestigieux des 24 Heures du Mans.
Shelby en tant que dirigeant d’écurie tentera d’imposer en tant que pilote N°1 son vieil ami, l’anglais et très impulsif et casse-cou Ken Miles. Ce qui ne sera pas forcément très apprécié parmi les pontes de l’entreprise américaine.
Après une carrière ou il ne fut pas toujours bien identifiable malgré quelques succès critiques comme Walk The Line, James Mangold semble depuis le plutôt réussi Logan accéder a un statut plus important à Hollywood. Il reste à l’heure actuelle aux yeux des studios l’un des rares metteurs en scène à qui confier un projet de film de cette ampleur avec un risque moindre sur la qualité du résultat final.
Effectivement le résultat est sans surprise réussi, grâce au sens de la mise en scène sobre de Mangold ou la qualité de ses interprètes cependant le film souffre aussi de son classicisme extrême et plus encore d’un manque de folie dans ces scènes de courses pour faire vibrer totalement.


Si le film de Mangold se suit avec autant de plaisir, il le doit à plusieurs qualités devenant plutôt rares dans les productions américaines au budget bien pourvus : Un premier degré appréciable n’empêchant pas quelques touches d’humour mais dont la priorité donnée aux caractères des héros fait assez plaisir à voir.
Ainsi la complémentarité Shelby-Miles est l’atout majeur du long métrage et ses interprètes Christian Bale et Matt Damon sont particulièrement bien choisis et à leur aise. L’un campant un pilote ne vivant que pour la course assez impulsif et surtout prêt à tout risquer dès lors qu’il dirige un volant collant bien avec le jeu souvent très expressif de Christian Bale qui n’en fait pas des caisses non plus fort heureusement. Damon bien que Shelby ait lui tout à fait l’apparence d’un véritable cow-boy texan avec chapeau vissée sur la tête est bien plus réservé et devant composer avec les exigences de la firme tout au long de la quête de victoire.
Mais le plus intéressant dans Le Mans 66 s’avère être sa première partie, soit les circonstances qui ont menées Henry Ford II a s’attaquer aux sports mécaniques et la tentative de rachat de Ferrari puis finalement l’affrontement sur leur terrain. Ici la reconstitution des différents bureaux est vraiment classieuse et les meilleures scènes de discours et de dialogues ont lieu.
Notamment grâce au personnage de Lee Iacocaca en charge du marketing de Ford interprété par le très souvent impeccable Jon Berenthal.
Les autres rôles tenus par Caitriona Balfe et Noah Jupe incarnant respectivement la femme et le fils de Miles sont parfaits également.


Toutefois le film n’est pas parfait, ses plus grosses limites se situant d’une part dans le classicisme extrême du scénario passant par toutes les étapes attendues d’un biopic d’un « professionnel », l’excitation n’est pas à son comble dans le déroulé du récit mais puisque c’est suffisamment bien filmé on ne s’ennuie pas malgré les 2H30.
L’autre problème qui s’avère plus gros réside dans le filmage des scènes de courses ou d’entrainements, assez peu nombreuses, celles-ci ne sont pas réellement exaltantes ce qui est tout même embêtant pour un film de sport. C’est bien filmé, la sensation d^être dans l’habitacle est trouvée, mais elle est malheureusement entrecoupée d’un peu trop de point de vue que ce soit celui de l’extérieur de la Ford de Miles des adversaires, de la famille devant l’écran, des dirigeants. Le montage ne s’avère pas aussi alerte et inventif qu’il l’était dans Speed Racer, Rush ou même le documentaire Senna par exemple, si bien que le bolide ne parait pas avoir pris suffisamment de vitesse pour impressionner.


En définitive le dernier long métrage de James Mangold est un honnête film d’artisan, très bien raconté mais s’avère manquer d’un peu de souffle et d’une certaine originalité pour prétendre être un très grand film du genre

Martial_Le_Sommer
6

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Créée

le 20 nov. 2019

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