American Race
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Le parcours de ce genre de personnage est comme bien souvent le même. On nous fait suivre le meilleur des meilleurs dans sa catégorie. L'homme a ici la conduite dans le sang, il le sait et ceux qui l'entourent le savent aussi, mais sa passion ne le fait pas vivre. Il doit mettre un frein à ses ambitions de pilote, jusqu'au jour ou un ami (lui-même ancien pilote) vient le chercher pour le projet de Ford. Si l'entreprise Ford veut se mettre à la course ce n'est pas par amour de la vitesse ou de la compétition, mais pour accéder à la vitrine que lui offre ce sport. Le but derrière tout ça est d'exposer sa marque afin de vendre des voitures aux pères de famille américains. C'est une question d'image pour la marque, et le pilote est loin de convenir aux codes que souhaite afficher Ford. Son caractère n'est pas compatible avec celui des requins de la finance. Si l'homme connaît parfaitement les machines dans les moindres recoins, et sait mieux que personne comment tirer le meilleur de sa voiture, il est totalement ingérable pour les financiers. Il faut dire qu'il connaît aussi ce monde, et la façon dont il fonctionne. Un vrai fossé sépare le pilote et les gens de Ford qui ne comprennent rien à la course, tout ce que voient les décideurs c'est la finance, le reste ils n'y comprennent strictement rien. Pour faire le tampon entre ces deux mondes, le personnage incarné par Matt Damon est là. Il est en total accord avec son pilote et il sait arrondir les angles la plupart du temps. Seulement face à la surdité des dirigeants de Ford et à leurs plans, il n'a rien d'autre à faire que de passer en force dans certaines situations.
Mangold ne fait pas toujours dans la finesse, le début du film aligne tout un tas d’éléments basiques que l'on retrouve dans ce genre d'histoire. On ne peut pas dire que le film s'éloigne des nombreux clichés liés au genre. L'histoire d'un homme qui est plus compétant que les autres dans son domaine, mais qui doit franchir toutes les barrières pour arriver à le démontrer est un classique. Le réalisateur ne fait rien de personnel avec ce film. Cependant plus le film avance plus il devient efficace, les instants de course sont bien mis en scène. Bon on a droit aux regards appuyés entre pilotes concurrents, qui se regardent droit dans les yeux à plus de 250km/h pendant plusieurs secondes. À cette vitesse difficile détourner son regard de la piste trop longtemps. Certains éléments narratifs auraient mérité d'être corrigés afin d'être moins lourd. On se demande toujours en voyant un film comme celui-ci, si l'histoire n'est pas une transposition des difficultés qu'éprouve un réalisateur. Puisque celui-ci doit constamment prouver aux financiers que le projet qu'il vient leur présenter mérite d'être monté. Le pilote est quelqu'un qui ne voit que par la chose qui le passionne, alors que les financiers ne voient que l'argent qu'ils vont pouvoir tirer. L'image de Ford n'est pas très reluisante dans le film. Mangold tacle même l’Amérique entière quand il fait dire au personnage d'Enzo Ferrari que les manières des dirigeants Américains sont arrogantes. Les véritables ennemis ne sont pas les autres écuries. Ceux qui passent leur temps à mettre des bâtons dans les roues de ceux qui travaillent à l'élaboration de la voiture la plus rapide de Ford, ne sont autres que les gens de Ford. Mangold signe un film efficace, si la finesse avait été de la partie le film y aurait grandement gagné.
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Créée
le 3 févr. 2020
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