Nouveau cinéma allemand
1er volet de la Trilogie Allemande
Maria et Hermann Braun se marient sous les bombes en 1943, puis Hermann rejoint le front russe quelques heures plus tard. Après l’avoir attendu, recherché, avec sa pancarte dans le dos, Maria apprend sa mort et se débat pour survivre et se chercher un nouveau destin. Elle séduit un GI, Bill, Noir, quand Hermann finalement resurgit et les surprend. Il s’ensuit une rixe au cours de laquelle Maria tue accidentellement Bill, mais c’est Hermann qui s’accusera du meurtre et purgera une longue peine de prison. A partir de son retour, Maria ne cessera jamais de lui rester fidèle, disons au moins loyale, mais séduit un homme d’affaires français rencontré dans le train, Karl, dont elle va se servir pour s’établir socialement : elle devient sa secrétaire personnelle et ne cache plus son ambition. Quand Hermann, à qui elle est toujours restée fidèle, sort de prison, il disparaît immédiatement pour se construire et devenir digne d’elle, lui écrit-il. Il reviendra à la mort de Karl, malade, qui se savait condamné à court terme par une maladie grave. L’ouverture du testament de Karl dévoile un arrangement entre les deux hommes pour se partager Maria, Herrmann acceptant de la laisser à Karl le temps qu’il lui reste à vivre, moyennant l’héritage de la moitié de ses biens, l’autre moitié revenant à Maria. On est près du happy end, mais non, le destin funeste les rattrape tous….
Décor apocalyptique de ruines où la mort rôde autour des vivants à la recherche de leurs disparus. Mais la vie reprend le dessus : les intérieurs sont de plus en plus cossus au fil de l’ascension sociale de Maria, les dames s’habillent avec élégance, chapeau-talons aiguilles, pour arpenter les ruines de leur ancien quartier, retrouver ce qui était leur salle de classe.
Les femmes, personnages pivots du film, autour desquelles passent et disparaissent les hommes, sont comme des figures allégoriques de l’Allemagne d’après 45. La mère, dévastée par le veuvage et la misère, est le pays qui capitule et dérive, pour finalement survivre grâce à un gentil pauvre type à l’air un peu idiot qui la prend dans ses bras. Betti, la meilleure amie de Maria, fille sans joie ni projet qui dérive dans un mariage en déroute depuis le retour de son mari du front, est le peuple allemand déchiré qui se débat avec ses traumas et échoue à se relever de la débâcle. Maria, qui séduit successivement un GI puis un homme d’affaires français tout en restant loyale à son mari, représente le seul futur possible pour ce pays à terre : renaître à tout prix, fût-ce en composant avec l’occupant. Elle croit tenir la barre mais elle est manipulée à son insu par les deux hommes qui s’allient pour la posséder, comme les alliés se partagent l’Allemagne. Et l’URSS : discrète, mais présente, pesante, car Hermann revient du front russe.