Le mariage c’est une illusion à laquelle beaucoup croient. Alors que la cérémonie par en vrille Maria Braun se retrouve dans les ruines à attendre le retour de son mari. Allégorie de l’Allemagne d’après guerre nous sommes en même temps plongé dans ce personnage de Maria courtisane pragmatique qui perd à petit feux ces sentiments. Elle s’émancipe déjà des carcans familiaux qui ne lui promettait qu’une vie tragique (Au sens ou tu dois accepter le destin et ne pas sortir de la norme) pour accéder à statut supérieur. Réaliste quant à l’époque nous sommes entre la génération silencieuse et celle des boomers, dans cette après guerre il y a tout à gagner l’abondance n’est qu’à porté de main.
C’est bien pour Fassbinder l’occasion de montrer que la reconstruction a été faite par les femmes (les Trümmerfrauen). Dans le même temps le film montre la vacuité de la société moderne ou la consommation ne rend pas heureux. Dans vision pessimiste du miracle économique, il vient casser toute utopie social. Le réalisateur montre la transformation intérieur des personnages dont est imprégné d’opportunisme, d’errance, de résilience et de modernité. Le mariage étant à la fois le carcan traditionnel et une opportunité pour une femme mais en fait reste une histoire d’argent. Et même au vu du rapport quelle a avec Karl et Senkenberg le sexisme reste indépassable.
Cette nouvel ère se caractérise par l’éclatement du noyau communautaire et l’individualisme. Son mari décide de partir pour retrouver sa virilité puis l’on comprend que c’est un accord avec Karl et l’on le retrouve devant sa télé. Et le tragique revient très vite en un sens ce n’est pas un film moderne Maria et Hermann ne vivrons jamais ensemble, nous n’arrivons jamais à dépasser les carcans sexistes. S’aimaient-ils ? Je n’en sais rien. À mon avis la retenue des émotions n’était que de l’orgueil, cette illusion qui renforçait son ego. Et cette absence d’émotion va de pair avec l’absence de spiritualité.
Alors dans tout cela si le cinéma pour Joseph Campbell est de révéler le héros qui est caché et « n'attendant pour revenir à la vie que d'être reconnue", alors il a redonné la fierté des Trümmerfrauen. Et en même temps la possibilité d’être femme dépassant l’archétype de la courtisane ou la mère.